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Le 21 mai, nous aurons à voter pour ou contre une «stratégie énergétique», qui, certes part d’une bonne idée -préserver le climat-, mais qui me semble faire fi de plusieurs points importants, tels que l’atteinte au paysage et l’atteinte à la démocratie.
Je précise que cela fait 20 ans que je travaille à promouvoir les énergies renouvelables, ainsi que l’optimisation des consommations d’énergie.
Un grand absent dans le débat: la démographie.
Qui peut prévoir ce qui se passera dans 30 ans? Comment va évoluer la population en Suisse? Actuellement, elle croît à trop grande vitesse. Prenons l’exemple de la riviera vaudoise. Cela ressemble de plus en plus à une immense agglomération, au point que bon nombre de villages finissent par se toucher.
Chaque jour plus de 100’000 véhicules circulent entre Lausanne et Genève. On s’attend à ce qu’il y ait environ 10 à 11 millions d’habitants en Suisse d’ici 30 ans. Quel sera votre seuil de tolérance? 20 millions, 30 millions, 40 millions? Je suis impressionné par le nombre de personnes qui déjà maintenant, fuient littéralement certaines régions urbaines (Lausanne, Genève, etc.).
La croissance économique a certes du bon, mais quelle en est l’incidence pour le citoyen lambda, y a-t-il vraiment une amélioration de la qualité de vie et une diminution des consommations d’énergie?
Autre absent du débat: la sécurité. Par des taxes CO2, l’idée est de réduire le nombre de chauffages au mazout ou au gaz. Ici, la réflexion sécuritaire est complètement absente. Une citerne à mazout permettait autrefois de garantir l’approvisionnement en chaleur d’un immeuble pendant quasi une année. Passer au gaz? Mais des tensions géopolitiques peuvent exister, genre Russie et Ukraine. Fermer le robinet du gaz, et une partie de la Suisse grelotte au bout de 48 heures! Installer alors des pompes à chaleur? Mais, quand il n’y aura pas de vent et pas de soleil, d’où viendra le courant électrique? Et surtout quand brusquement l’offre sera inférieure à la demande que va-t-il se passer? Une augmentation massive du prix de l’électricité! Il y a eu un précédent aux USA avec des prix temporairement multipliés par 10!
Autre point: le surcoût de l’énergie renouvelable: Vous avez apprécié l’instauration de la LAMAL, l’assurance-maladie en Suisse, à l’époque où Mme Ruth Dreifuss nous prédisait que cela allait créer de la concurrence, et que les primes d’assurance n’augmenteraient que modérément? Vous allez vous délecter de l’estimation de Mme Doris Leuthard comme quoi la stratégie Energie 2050 ne coûtera que Frs 40.- de plus par famille!!
Dernier point: dictature contre démocratie: Exemple: la fermeture au trafic automobile de pas mal de routes à La Vallée, apparemment pour protéger un volatile vite effrayé. Y aura-t-il une soudaine mutation génétique qui permettra à ce grand tétra de s’acclimater au trafic de camions implantant de belles et grandes éoliennes? Vous pourrez certes vous opposer à leur implantation, mais gagner sera une toute autre affaire, quand l’argent -et pas le paysage, même pas l’écologie- est en jeu…
En conclusion, on dit que le diable se cache dans les détails. Pour cette loi sur la stratégie Energie 2050, c’est le cas. C’est pourquoi, je voterai non, en espérant que soient corrigés tous les excès qui fâchent.
Michel Borel