La galerie d’art du Sentier a verni sa nouvelle exposition le samedi 19 mai dernier au Sentier en présence d’une trentaine d’amateurs d’art et des trois artistes peintres exposants.

Trois origines, syrienne, française et nipponne, trois cultures différentes, mais au moins autant de points communs: tous sont au bénéfice d’une solide formation académique; tous ont fait le chemin du figuratif vers l’abstrait et tous ont un lien avec la musique. Tous vivent en France, dont deux en région parisienne. Trois artistes à la recherche, dans leur démarche et la complicité qui s’est développée entre eux, des racines communes à l’humanité.
Le nom de leur trio, «Caravane» fait écho à la route de la Soie, qui correspond vaguement, quand on le trace sur une mappemonde, à l’antique route. Les trois artistes lui donnent toutefois un sens existentiel avec une jolie formule: «La route de soi», manière de rappeler que la démarche artistique vise à partager quelque chose d’existentiel.
C’est en remontant de Lausanne en Franche-Comté où il réside que le peintre d’origine japonaise Michio Takahashi s’est arrêté par curiosité à la galerie de l’Essor et a demandé à parler à un responsable. Deux ans plus tard, le trio Caravane y expose un choix de ses œuvres. La Vallée de Joux n’est toutefois que la 4e étape dans le voyage du trio, après Damas, Paris et Tokyo. Les arrondis, gestuels et aux teintes vives d’Hélène Jacqz, les «taches» rectangulaires déposées sur fond blanc de Michio Takahashi et à mi-chemin de ses deux comparses, les formes d’Ibrahim Jalal intégrées dans des pleins jaune ou or: les œuvres du trio atypique, tel qu’il se qualifie lui-même, seront exposées jusqu’au 10 juin prochain
Les artistes parlent de leur démarche:
Ibrahim Jalal: «Je vis dans une péniche sur la Marne, au calme, au voisinage des canards, loin de la méchanceté. Je ne peux dire exactement ce que cela change dans ma peinture… Je m’oublie en travaillant. C’est une pulsion intérieure, ma main bouge d’elle-même en quelque sorte mais c’est aussi le fruit d’années de travail et d’expérience.»
Hélène Jacqz: «Notre trio est une réunion à la fois d’affinités et de différences. Nous avons une expérience commune, tout en exposant la plupart du temps chacun de notre côté. C’est Ibrahim qui nous a invités, Michio et moi-même, à un symposium à Damas, afin de créer chacun des œuvres que nous devions laisser sur place. Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues, car la guerre a éclaté peu après.»
Michio Takahashi: «Au Japon, je faisais de la calligraphie, c’est resté dans ma peinture. Je commence par quelques “taches” qui me guident et j’y reviens plus tard, j’en ajoute, je commence à mieux voir l’ensemble, à l’harmoniser. Chaque jour, je vois quelque chose de nouveau dans l’œuvre qui se développe. L’œuvre elle-même me parle. Quand des amateurs me disent qu’ils peuvent dialoguer eux aussi avec ma peinture, c’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire.»