Le réparateur et la réparatrice
L’élection des Prix Nobel de la Paix de cette année m’a impressionné. D’un côté, le docteur Denis Mukwege, surnommé l’homme qui répare les femmes; il opère, au Congo, les victimes de viols et de sévices. Et de l’autre, Nadia Murad, une jeune Yesidie qui a échappé à l‘enfer de Daech; elle est devenue une inlassable ambassadrice de la cause de celles qui continuent à subir ces atrocités. Le réparateur et la réparatrice.
Réparateur de brèches
«On t’appellera réparateur de brèches», est-il écrit dans la bible (Esaïe 58.12).
C’est exactement cela. La jeune représentante d’une religion minoritaire et le docteur, mais aussi pasteur, réparent les brèches de violence qui menacent d’engloutir toute parcelle d’humanité. Elle est devenue le porte-voix des sans-voix. Et lui, en réparant les corps, rafistole également les cœurs. Pour avoir osé s’engouffrer dans une autre brèche, béante, celle de la souffrance et des cris étouffés.
Brèches béantes
Des brèches béantes, il y en a chez nous aussi, banales ou sordides, jusque dans nos propres vies; subies ou commises. Brèches de mépris, brèches de non-dits, brèches de silence, brèches de non-sens, brèches d’incohérence. Jusqu’à ces paravents de normalité et d’opulence derrière lesquels nous nous abritons. Nous avons encore et toujours besoin d’être réparés au plus profond de nos brèches. Et je vois dans le Christ le Réparateur par excellence. Lui qui n’a eu de cesse de pardonner au lieu de condamner. Et qui, de la brèche béante de la mort, a fait surgir la vie que ne finit point. Et si nous lui emboîtions le pas?
Pasteur Antoine Schluchter