Pardonnez-moi, chers lecteurs, de reprendre la plume si vite, mais là, le vase déborde: la cote d’alerte de l’absurdité administrative semble atteinte et mériterait une vigoureuse réaction des autorités locales, député(e)s compris.
La chose se passe dans le nouveau Far-West industriel de la Vallée de Joux, je veux parler bien entendu du village du Brassus. Alors qu’une dizaine de commerces se sont fermés les uns après les autres depuis une trentaine d’années dans cette localité, un vaillant magasin d’alimentation résiste toujours. Connu jadis sous les noms de Coop, Leader Price, Flag, c’est maintenant DENNER qui se bat de toute son énergie pour offrir à la population des services élémentaires de qualité, tout en freinant ce tourisme d’achat qui gangrène notre société… Cette échoppe, agrandie et restaurée de belle manière a même accepté de devenir une agence postale, suite au lamentable abandon de la poste du Brassus par le nain jaune helvétique. Dans le but d’assurer le succès de sa petite entreprise, le jeune patron, l’an passé, a instauré l’ouverture le dimanche matin. Ceci après consultation, et avec la totale adhésion de ses aimables employées. Ouverture aussitôt appréciée par des clients combiers de tous les horizons. Ils y ont vu sans doute une façon, en jouant le jeu, de garantir l’avenir de ce sympathique magasin Denner. Des nerfs solides, cependant, le patron doit en avoir… En effet, tout récemment, il a eu la visite de l’inspectorat vaudois du commerce; lequel n’eut rien à redire sur la tenue de la boutique mais releva une monstrueuse hérésie: l’ouverture dominicale du matin! Dès lors, l’avenir de ce petit satellite risque d’être englouti dans la nébuleuse administrative helvétique: Transmission du dossier à Berne et ordre du SECO de fermer boutique le dimanche matin. Et ceci dans les plus brefs délais… A moins que cette ouverture ne soit assurée que par des membres de la famille du patron. Totalement irréalisable! Alors que de nombreuses stations-
services, au cœur du canton, sont ouvertes quasi jour et nuit, par ce brutal procédé, on pénalise ainsi toute une frange de la population vivant en Suisse, près de la frontière, où les commerces sont ouverts le dimanche matin! On voudrait jeter les consommateurs helvétiques dans la gueule du loup commercial français, distant de 8 km, qu’on ne s’y prendrait pas autrement! Veut-on susciter et allonger encore davantage le trafic motorisé le dimanche matin? N’est-il pas suffisant durant toute la semaine sainte industrielle? Le brave directeur de ce précieux commerce a fait recours. Sera-t-il soutenu par nos Autorités? L’affaire est sans doute liée à une convention collective de travail, mais la situation de ce magasin, en zone frontière, ne justifierait-elle pas qu’il bénéficie d’une exception?
Va-t-on, une fois encore, être les dindons -ou plutôt les tétras- de la farce?
Herbé