Les principaux opérateurs de téléphonie mobile vont investir plusieurs centaines de millions pour leur permettre, principalement, d’introduire la dernière technologie la «5 G». Cela représente, 15’000 antennes supplémentaires en Suisse et très certainement à terme, une augmentation de leur puissance, ce que demandent les opérateurs. Dans ces 15’000, il y en aura vraisemblablement quelques-unes de plus à La Vallée, puisque chaque opérateur peut construire sa propre antenne, sans devoir la partager avec les autres. C’est probablement un de ces facteurs qui fait que cette technologie effraie et rencontre de plus en plus d’oppositions.
En été 2018, Carlin SA déposait une demande de permis pour construire, sur sa propriété, une antenne pour le compte de l’opérateur Salt SA. L’antenne, de plus de 25 m, serait construite à la hauteur de la halte du Rocheray, dans ce coin de jardin (voir la photo), à moins de 40 m de la première habitation d’un quartier résidentiel appelé à se développer.
Dans un premier temps, nous avons fait opposition de manière individuelle, persuadés en citoyens confiants dans leurs institutions, que la Municipalité organiserait une réunion d’information, en présence de l’opérateur, respectivement du constructeur. Le premier courrier émanant de la Municipalité, auquel était annexée une prise de position des constructeurs nous a atterrés, puisqu’il était d’emblée précisé que «les arguments contenus dans nos oppositions [pourraient] difficilement être pris en considération». Nous avons très vite compris de quel côté se situait la Municipalité. A la suite de ce camouflet, les personnes directement concernées (une quinzaine) ont décidé de se regrouper.
Nos réflexions se sont basées tout d’abord sur un document de la Confédération intitulé: «Téléphonie mobile: guide à l’intention des communes et des villes», et sur la localisation de l’antenne qui surplombe Le Pont. Le guide consacre un chapitre à la communication avec un titre éloquent: «L’information crée un climat de confiance». Il est mentionné ce qui suit: «En tant qu’institution neutre, les autorités communales doivent accorder une attention particulière à une information aussi objective, indépendante et transparente que possible […] Les séances sont l’occasion pour la commune d’exprimer sa position […] et répondre aux questions.»
Les dirigeants de Carlin SA, entreprise dont les véhicules traversent notre zone résidentielle, auraient également pu nous informer, et dresser un gabarit pour signaler ce que représente 25 m d’antenne. La Municipalité avait également les compétences pour ordonner la pose d’un gabarit. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait? Nous n’avons jamais reçu de réponse.
Nous nous sommes également posé la question du pourquoi du choix de l’emplacement sur cette partie de la propriété de Carlin SA (l’antenne est prévue à une extrémité, alors que la propriété fait environ 200 m de long). Elle aurait pu être posée sur le toit de l’entreprise, ou à l’autre extrémité, zone moins habitée que celle proposée. A part, une réponse du type «les données fournies par le constructeur ont fait l’objet de contrôles et Salt SA a bien entendu tenu compte d’impératifs techniques […] pour choisir l’emplacement, qui est idéal pour couvrir le «trou» dans son réseau» nous sommes toujours dans l’attente d’une réponse satisfaisante. Vous aurez compris que plus il y a d’opérateurs, plus il y a de «trous», et plus il y a de trous, plus il y aura d’antennes! Et que les impératifs techniques l’emporteront sur les facteurs humains.
Une antenne émet un rayonnement, tout le monde le sait. Autour de chaque antenne, il existe ce que l’on appelle des LUS (lieux d’utilisation sensible). En d’autres termes, autour de l’antenne il existe une zone dans laquelle des mesures particulières sont effectuées et dont les normes sont fixées par la Confédération. Pour l’antenne projetée, il s’agit d’une zone de 145 m (dans laquelle nous habitons), pour l’antenne du Pont, cette zone est de 250 m. Si nous abordons ce sujet c’est parce qu’en tant que consommateurs de téléphonie mobile, nous sommes conscients que l’on ne peut pas dire simplement «non» à l’évolution de cette technologie, mais que notamment pour des questions de santé, nous sommes persuadés qu’il existe des solutions alternatives, pour autant que tous les acteurs se retrouvent pour en parler.
Dans ce contexte, nous avons transmis à la Municipalité une PROPOSITION. Elle consiste à déplacer l’antenne d’environ 150 m en direction du nord-ouest.
Premier avantage: à l’image de l’antenne du Pont, il n’y aurait plus d’habitations dans cette zone «très controversée» des 145 m.
Deuxième avantage: la position de l’antenne gagnerait en hauteur (env. 40 m). Nous doutons qu’un spécialiste vienne nous dire qu’en surélevant sa position, nous allons diminuer sa couverture!
Troisième avantage: la parcelle proposée pour la construction appartient, selon le cadastre, à la Commune du Chenit. Etant propriétaire, c’est à elle que Salt SA payerait un loyer pour l’occupation du terrain. On parle tout de même de plusieurs milliers de francs par année.
Cette proposition a été transmise par chacun des opposants à la Municipalité, et c’est là le motif principal de notre colère. A fin janvier, la Municipalité nous a répondu qu’elle levait nos oppositions et qu’en conséquence, elle délivrait le permis de construire, sans jamais prendre position sur notre proposition. Face à l’attitude méprisante de nos autorités et l’impossibilité d’établir un dialogue constructif, le groupe des opposants a décidé de recourir contre cette décision et de transmettre la gestion de la suite de la procédure à des professionnels du droit.
Nous n’aimerions pas finalement donner raison à celui qui a dit récemment: «une antenne au Rocheray? Tout le monde s’en fout, c’est un quartier de vieux».
Mmes et MM. Rochat,
Meylan, Leutwyler, Jan, Py, Bolay, Pavillard,
Rechsteiner.
Le Rocheray
NB: Par respect pour les membres de la famille Carlin qui habitent au Rocheray, et avec lesquels nous entretenons de bons contacts, nous aimerions préciser que cette famille n’est plus propriétaire de Carlin SA et que cette société appartient à Camandona SA.