Le spectacle du Clédar de l’été dernier, «Le Silence des Bois», lui était consacré ainsi qu’à ses jeunes compagnons: Bernard Bouveret, dernier passeur et mémoire vivante de ces années de guerre, a visité une classe de neuvième année voie générale, l’après-midi du 9 décembre. Non moins de deux périodes ont été consacrées à l’entendre évoquer ses souvenirs avec une étonnante clarté, sous forme d’échange plutôt que d’exposé.

Bernard Bouveret n’avait que cinq à six ans de plus que ces élèves quand il a été recruté par Fred Reymond pour des missions du Service de Renseignement de l’armée suisse. Il a évoqué les nombreuses péripéties lors de ses passages et les difficultés pour des personnes ne connaissant pas la région de se déplacer de nuit, sans le moindre bruit. Tous les passeurs, lui-même y compris, ont essuyé les tirs de douaniers allemands. Puis son arrestation et sa libération, en 1945, par les Américains, avec les autres prisonniers du camp de Dachau. «A quel moment avez-vous pu parler de tout ça en public?» lui a-t-on demandé. «Quand je suis rentré à Chapelle-des-Bois, cela n’intéressait personne. J’ai mis très longtemps à en reparler autour de moi.»
Chantal-Lin Keller-Aubert, après avoir assisté au spectacle du Clédar, a souhaité y donner une suite. Avec leurs élèves, les 2 enseignants ont lu le seul ouvrage sur les passeurs destiné aux enfants, «Le passage d’Edith», paru aux éditions Ouverture Jeunesse en 2014. Puis elle a invité son auteure, qui n’est autre que sa collègue Joanne Badoux, à évoquer son travail en classe. Finalement, elle a sollicité notre association pour inviter Bernard Bouveret directement.
Présent également en tant qu’animateur, j’ai été frappé par la forme que tenait Bernard malgré ses nonante-cinq ans, son écoute et sa pertinence. Ce fut un moment riche pour les élèves et sérieux à la fois, tous avaient préparé des questions et ont longuement échangé avec lui. Nous leur avons montré la boîte, propriété de la famille Kleiner-Reymond, qui servait de boîte aux lettres aux passeurs pour communiquer entre eux et qu’ils dissimulaient sous une souche dans le Risoud.
Merci à la direction des écoles d’avoir permis cette rencontre qui marquera, j’espère, les 25 élèves.
Pour les passeurs de mémoire, Christophe Aubert