Ils ne boivent jamais leur café
Peu après le réveil, j’apprécie le goût de «mon» premier café, ainsi que des millions de Suisses. Si différent du rebut qu’avalent les producteurs de cette région reculée de Bolivie, de l’eau à peine colorée. Parce qu’eux, ils ne boivent jamais «leur» café; un des meilleurs du monde pourtant. Il faut tout vendre, question de survie, mais il a un arrière-goût d’amertume tant il rapporte peu: toute l’injustice concentrée dans une tasse de jus lavasse.
Un beau signe d’espérance
Quant au torréfacteur français venu acheter leur café, il est lui victime d’un commerce inéquitable avec les grandes compagnies; rien n’est simple. Mais il se bat et il contribue à améliorer leur situation. Avec un beau signe d’espérance le jour où, pour la première fois, il a fait déguster à ces petites gens «leur» café!
Une vraie promesse
Une promesse de la bible y fait écho: «Chacun sous sa vigne et sous son figuier» (Michée 4.4). Loin d’être bucolique, elle invite à dépasser l’injustice qui empêche de récolter ce qu’on a semé. Le prophète y va fort: jugement et châtiment attendent les peuples -consortiums?- qui agissent de la sorte. Et rétablissement pour les opprimés jusqu’au jour béni où «on ne se fera plus la guerre» (sanglante, économique, idéologique).
Une interpellation forte
Nous pouvons contribuer à ce que tous récoltent le fruit de leur travail et se reposent sous leur figuier. Notre café et le leur n’en auront que meilleur goût.
Pasteur Antoine Schluchter