Cette rubrique est dédiée à nos deux élus locaux au parlement cantonal. En alternance, chacun rapporte ses impressions personnelles et les échos des débats qui font notre canton. Ce mois, c’est Sébastien Cala, Député au Grand Conseil vaudois, qui s’exprime.
Après quelques semaines durant lesquelles les séances se sont tenues à Yverdon-les-Bains, puis la pause estivale, le Grand Conseil vaudois s’est à nouveau réuni à Lausanne. La rentrée était prévue pour la fin du mois d’août, mais il a fallu attendre début septembre pour que les travaux parlementaires reprennent leur rythme habituel. En effet, suite à un cas positif de COVID-19 au sein du Secrétariat général du Grand Conseil, six de ses membres ont été placés en quatorzaine. De fait, il était impossible d’organiser la première séance prévue le mardi 25 août. Cet événement nous permet de rappeler l’importance que joue chaque personne travaillant dans les travées parlementaires, afin d’assurer le bon fonctionnement de nos institutions.
Tous contre l’initiative de limitation
Si la situation sanitaire et économique alimente toujours les discussions dans les travées du Grand Conseil, les prochaines votations du 27 septembre préoccupent également les Député.e.s.
Le clivage gauche-droite se fait ressentir concernant plusieurs objets proposés à la population. Il faut néanmoins remarquer que – et c’est assez rare pour le souligner – l’initiative «de limitation» de l’UDC rencontre une unanimité à son encontre, à l’exception, bien entendu, des élu.e.s UDC.
Analyse des risques
Pour rappel, cette initiative vise à supprimer plusieurs accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne (UE). L’inquiétude quant aux répercussions potentielles d’une possible acceptation de cette initiative a incité des représentant.e.s de tous les partis, exception faite de l’UDC, à déposer une interpellation, demandant au Conseil d’Etat une analyse complète des risques que fait encourir cette initiative pour notre canton.
L’UE, principal partenaire commercial
La réponse du gouvernement vaudois a été présentée au Plénum mardi dernier. On y apprend ainsi que l’économie vaudoise réalise 55% de ses exportations vers des Etats membres de l’UE, pour une valeur totale estimée à environ 7.5 milliards de CHF en 2019. Alors que notre économie est déjà mise en difficulté par la situation sanitaire internationale, l’acceptation de l’initiative de l’UDC aurait des répercussions destructrices pour notre tissu socio-économique, y compris à la Vallée de Joux, dont l’industrie est essentiellement exportatrice.
Par ailleurs, le Conseil d’Etat relève à juste titre que les Hautes écoles – Université et EPFL y compris – de notre canton sont engagées dans de nombreux projets de recherche internationaux (oncologie, durabilité, cybersécurité, etc.) essentiels pour la population et pour le développement de nos régions. Ces projets ne seront plus ouverts aux institutions helvétiques en cas d’acceptation de l’initiative et ce sont nos pôles d’innovation et la qualité de nos formations qui en pâtiront.
Prononcé exceptionnel du Grand Conseil
Avant de voter le 27 septembre prochain, il est important d’avoir à l’esprit qu’aujourd’hui, et notamment après les différents échecs dans les négociations entre l’UE et la Grande-Bretagne liées au Brexit, la Suisse n’est pas dans une position favorable pour renégocier les accords bilatéraux avec l’UE. Or, si la situation actuelle n’est pas parfaite mais malgré tout profitable à la Suisse et particulièrement au canton de Vaud, rien ne nous indique que l’on aura de meilleurs accords en cas de renégociation, bien au contraire. C’est pourquoi le Grand Conseil vaudois s’est prononcé, de manière exceptionnelle, contre cette initiative mardi dernier, rejoignant le Conseil d’Etat dans son appel à refuser «l’initiative pour une immigration modérée (initiative de limitation)».
Sébastien Cala