Hier, je faisais mes achats dans un de nos «grands magasins» au Sentier. Masqué bien sûr, et après m’être fait sprayé du produit sur les mains par l’employé affecté à cette tâche. Quelle ambiance!
Tous ces gens masqués, qu’on ne reconnaît presque plus! Il s’est installé sur nos têtes une espèce de climat de virus, fait d’angoisse et d’incertitude, et chacun est là avec le même genre de pensées. Vivement que je passe à la caisse et que je rentre avec mes courses!
Et là, tout d’un coup me vient un fort sentiment: les employés du magasin, eux, ils ne rentrent que le soir! Ils ont passé la journée dans cette ambiance difficile. Alors qu’on dit à chacun: «Restez chez vous», eux sont exposés toute la journée à ce virus qui fait peur. Occupés à leur tâche, toujours courtois, au service des autres.
Et je pense bien sûr au personnel soignant. Eux, les autorités de partout leur font un grand discours de remerciement. Mais dès qu’il s’agit de passer à l’acte, d’aider concrètement toutes ces personnes qui jour après jour travaillent dans les hôpitaux ou à domicile au service des autres, dans ce climat d’angoisse et de maladie, il ne se passe plus grand-chose. On discute dans les parlements, et après?
Et puis il y a les travailleurs dans les chantiers, ceux qui réparent nos routes, et ceux qui s’occupent des montagnes de déchets que nous ne cessons de produire, qu’on le veuille ou non.
Et le personnel de la restauration et de l’hôtellerie. Les commerçants. Et les artistes, acteurs ou musiciens. De quoi est fait leur avenir? Comment leur vient-on en aide?
Et il y a tous ceux auxquels je ne pense pas, qui sont au service des autres pour des salaires modestes.
Toutes ces personnes dont on ne parle pas, ce sont eux qui font que notre société continue de fonctionner, et à leur sujet, on peut bien parler d’héroïsme.
Je rentre chez moi, et je ne sais que penser. Il y a certainement des choses à changer dans notre système social.
Bernard Walter