Carmine Ioanna
13.03.1941 – 17.02.2021
Hommage
Papa, ces quelques lignes pour te rendre hommage.
Tu es né dans une campagne perdue, près d’un petit village du Sud de l’Italie. Dans la précarité, la misère… et très vite en plus il y a eu la guerre. Ton père, ne sachant plus que faire pour pourvoir aux besoins de sa famille, est parti comme certains de ses compatriotes en Argentine pour travailler.
Ta maman s’est retrouvée seule, avec 2 enfants en bas âge, dans une petite ferme isolée, affrontant courageusement cette vie difficile. Que de fois elle a eu peur lorsqu’un groupe d’Allemands venaient et emportaient ses 2 petits… mais par la grâce de Dieu, jamais ils ne vous ont fait du mal.
Très tôt tu as été mis au travail, s’occuper du bétail et de la campagne pour retirer de quoi subsister et combien de fois tu ne pouvais même pas aller à l’école car il fallait travailler.
A 16 ans déjà tu es parti à Rome gagner ta vie dans les champs de grands propriétaires puis à l’âge de 18 ans tu as débarqué à Lausanne avec un contrat de travailleur saisonnier en poche et une petite valise tenant avec une ficelle. Rapidement tu es parti en Suisse allemande, dans la région de Zürich, pour te rapprocher de certains membres de ta famille, c’est là-bas que tu as épousé maman et que une année après votre mariage j’ai pointé le bout de mon nez.
La vie d’immigré italien dans les années 60 était rude, vous avez vécu le rejet, le mépris, le racisme… mais aussi des rencontres extraordinaires avec des personnes merveilleuses.
Lors d’une visite à ta sœur en 1968, tu as connu la Vallée de Joux et ça a été le coup de foudre. Vous êtes venus vous installer à L’Abbaye et vous y avez vécu des jours heureux. Debora est venue au monde et c’est à quatre que nous avons poursuivi la vie.
Papa tellement de choses ont été marquantes dans ta vie, mais je n’en relève que les plus essentielles: ton amour pour Dieu que tu as eu dès ton plus jeune âge et jusqu’à ton dernier souffle, l’amour et la fidélité pour ta famille et tes amis, la loyauté, le courage, l’ardeur au travail…
Pour nous tes filles, tu as été très exigent et surtout tu voulais que l’on travaille à l’école, chance que tu n’avais pas eue.
Certes tu n’étais pas parfait, comme tout être humain mais tu as fait de ton mieux.
J’ai eu le privilège de pouvoir m’occuper de toi les derniers jours et jusqu’à ton dernier souffle. Ta foi inébranlable t’a guidé jusqu’à la dernière minute. Quelques heures avant de nous quitter tu nous répétais: Psaume 23 «l’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien».
Repose en paix papa et merci pour tout.
Ta fille Marisa Stalder-Ioanna