J’ai bien rigolé. Et, peut-être ne suis-je pas le seul. Bien rigolé à la lecture du courrier des lecteurs de la dernière Feuille (15 avril) «On rigole bien… Quand on assume…». La signataire s’indigne du «poisson d’avril» relatif à la candidature du PS à la syndicature du Chenit. Se montre courroucée face aux «commentaires déplacés» dont le PS serait la cible. Référence de cette allégation: Facebook! Loin, très loin de la presse traditionnelle (journaux, radio, tv), presse qui pourtant a une tendance à pencher d’un côté qui n’est pas le mien. Facebook! Autant dire rien, le néant tant il est vrai que le contenu de cette plateforme, en grande majorité, n’est autre qu’un déversoir de tout et n’importe quoi. Dès lors prendre Facebook comme référence pour se plaindre, s’offusquer de commentaires sans valeur, alors là on tombe dans la pleurnicherie de bac à sable, genre «C’est mon zouet. Ze veux pas que tu zoues avec». Et les ragots dont l’auteure fait part. Eh bien! ce ne sont que des ragots, des racontars sans fondement et autres billevesées. Certes, ils peuvent porter atteinte selon leur contenu et leur propagation, mais n’en restent pas moins que des coquecigrues. Et les militants devraient être mieux préparés à ce genre de confrontation, sachant si je ne m’abuse, que le PS a généralement réponse à tout. Ces doléances me semblent bien tristounettes et pragmatiquement racoleuses. Par icelles, cette diatribe pose en victime le PS d’un complotisme (mot très à la mode) orchestré par ses concurrents (sous-entendus dans la prose).
Et l’humour, dans tout ça? Apparemment, cette disposition d’esprit qui propose des choses sous un angle amusant ne figure pas dans la table des matières de votre doctrine (alors que, paradoxalement, la plupart des «humoristes» d’aujourd’hui sont de gauche et s’en prennent à qui l’on sait). Pour faire mouche, l’auteure de cette réponse aurait dû aller dans le sens de la farce «avrilienne», démontrer que la dérision, souvent, confirme le sérieux d’une opinion, d’un écrit, d’une décision. Mais là, que nenni. Tombée dans le piège comme une mouche sur le ruban collant. Et plutôt que d’amener du grain au moulin du candidat «premieravrilisé», les propos délayés attisent le feu plutôt qu’étouffent les flammes. On en n’aurait plus parlé et le «débat» était clos.
Un poisson d’avril, un bon mot et voilà les grands mots qui débarquent: débat démocratique, remarques mesquines, politique accusatrice, petites guéguerres. Alors même que la politique est une bataille. «On va se battre pour gagner», entend-on de tous bords. Le débat lui-même est un combat: on s’y chicane, on y conteste, on s’y dispute, on y parlemente, on y négocie. La guéguerre fait partie du jeu, pour autant que l’on y applique le respect et, pourquoi pas, une cordiale mésentente.
Madame, je l’avoue, j’ai bien rigolé en vous lisant. Rigolé de votre rigidité, alors qu’en ces temps «covidés», un chouia de taquinerie fait sacrément du bien. Si d’aventure ce poisson d’avril ô combien drôle avait concerné un candidat de droite confronté au sortant, sachez, Madame, que j’aurais aussi bien rigolé. Et de bon cœur en me disant: enfin un peu d’esprit, hors des sentiers battus, au-delà du verbiage politicard et consensuel, gnangnan et monocorde.
Parce qu’à droite on sait encore apprécier le 2e degré.
Jean-François Aubert
N.B.: UN syndic, votez Stives!