Le peuple va être appelé aux urnes le 13 juin prochain pour se prononcer sur deux grands projets de Société.
Premièrement nous devons prendre position sur la Loi sur le CO2 adoptée par le Parlement le 25 septembre dernier qui vise en accord avec la mise en œuvre des Accords de Paris une réduction de 50% des Gaz à effets de serre (GES) d’ici 2030 et la neutralité Carbone en 2050. De manière surprenante, ce projet vertueux est contesté par référendum aussi bien par l’UDC que par les milieux ultra-écologistes ce qui semble plutôt suspect car les arguments divergent fortement…
Nous allons aussi devoir nous prononcer sur 2 initiatives, dites «Anti-
pesticides» visant avec quelques différences notoires à atteindre une production agricole exempte de produits chimiques dans un délai de 8 à 10 ans. Ces objectifs agronomiques sont théoriquement possibles pour la Suisse, preuve en est la production biologique avec son Label Bio Bourgeon qui remplit parfaitement ces conditions. Pourtant la production biologique n’est actuellement pratiquée que par 16% des agriculteurs suisses, en grande majorité par des agriculteurs de montagne n’utilisant aucun produit phytosanitaire car inutile pour leurs exploitations essentiellement herbagères à cause de l’altitude. L’une ou l’autre de ces 2 initiatives si elle était acceptée par la double majorité des citoyens et des cantons obligerait 84% des agriculteurs suisses à quasiment se conformer au cahier des charges Bio en 8 à 10 ans, ce qui paraît extrêmement court en regard des délais de la loi sur le CO2 qui est de 30 ans!
Ce projet pourrait néanmoins être parfaitement réalisable dans un délai plus long et sans ces initiatives parfaitement liberticides pour une grande majorité de nos paysans. En effet avec une progression de l’agriculture Bio de quelque 16% par année (et même plus de 19% en 2020 sous l’impulsion de la pandémie), nous atteindrions cet objectif en moins de 20 ans! Ce rythme plus lent mais réaliste, aurait aussi l’immense avantage de permettre au marché et à nos consommateurs de s’adapter progressivement à la conversion naturelle de l’agriculture suisse et de toute la Société vers le Bio, ce qui va forcément renchérir de manière significative le panier de la ménagère.
Un délai plus long permettra aussi de mieux garantir le maintien de notre sécurité alimentaire, qui a été plébiscitée à plus de 78% par le peuple le
27 septembre 2017. En effet l’agriculture Bio produit actuellement 30% de denrées alimentaires en moins que l’agriculture conventionnelle. Ce manque de productivité devrait pourtant pouvoir être facilement comblé en 20 ans avec des investissements massifs dans la formation des agriculteurs et la recherche agronomique pour développer de nouvelles variétés de plantes nourricières plus résistantes aux maladies et aux parasites. On peut même imaginer que l’agriculture Bio puisse offrir de nouvelles places de travail sur les fermes et répondre ainsi à la perte des emplois dans le secteur tertiaire qui montre des signes évidents de régression dans notre pays.
Les objectifs aussi bien de la loi sur le CO2 que de ces 2 initiatives dites «Phytosanitaires» sont parfaitement louables et réalistement applicables. Elles peuvent même être génératrices d’emplois et de valeurs ajoutées, sans perte de sécurité alimentaire si elles s’inscrivent dans un agenda réaliste et impliquent l’entier de l’économie et de la Société.
C’est pour cette raison que sans rejeter formellement ces ambitieux projets de Société, je voterai OUI à la loi sur le CO2 et 2 X NON contre les initiatives agricoles.
Claude-Alain Gebhard
1126 Vaux-sur-Morges
Agriculteur bio, agronome
et député Vert’libéral
au Grand Conseil vaudois