Je pourrais commencer par «attristé, choqué, révolté»… mais en fait je suis tout simplement triste de lire ces deux articles de «réponse» à une jeune Combière qui a non seulement le droit de s’exprimer, mais aussi le courage et l’envie de partager ses ressentis et convictions. Certaines de ces réponses sont «censées» et «intéressantes», d’autres beaucoup moins. Nos entreprises locales ont-elles eu le même accueil lorsqu’on lit sur des immenses panneaux publicitaires à travers la Vallée de Joux: «Welcome to the Watch Valley», alors qu’en Suisse nous parlons le français, l’allemand, l’italien et le romanche? Parler de famine en 1816, du plan Wahlen ou du Covid, mentionnant que la population s’est tournée vers les agriculteurs locaux pour subvenir à leurs besoins nutritifs, alors que les rayons des grandes surfaces étaient vides??… oui, probable, et à présent?… ces grandes surfaces alimentaires sont à nouveau très bien fréquentées, et tout le monde continue à acheter de la viande de provenances étrangères, et pire que cela, il y a bientôt autant de véhicules vaudois sur le parking d’Atac à Bois d’Amont que de véhicules français !!… et tout cela uniquement grâce à la mesquinerie humaine et à son «fais ce que je dis mais pas ce que je fais». Je lis dans ces articles que la production a explosé, qu’il y a surproduction… mais pourquoi donc? Oui, il y a surproduction, partout sur notre planète, et de par cette surproduction, beaucoup d’agriculteurs ou d’éleveurs qui en souffrent car ils ne peuvent s’aligner sur les tarifs des «grandes sociétés de production» (pour ne pas citer de nom), beaucoup d’écosystèmes qui en pâtissent, beaucoup de déforestation pour satisfaire une fois de plus l’humain et ses «ambitions» qui font de notre planète ce qu’elle devient aujourd’hui. Tout cela uniquement dans un but financier, en ignorant volontairement tous ces dommages «collatéraux» que cela provoque pour notre environnement, pour notre nature… pour notre futur et le futur de nos enfants! Et soit dit en passant, «Dame Nature», avec ou sans loups, nous fera payer bien cher, très cher, ce que nous avons provoqué, tout ce que nous avons «semé» depuis des années, ce que nous provoquons depuis des décennies!
J’ai beau relire le texte de Mademoiselle Meylan, je n’y vois à aucun moment mention du fait qu’un animal se faisant dévoré vivant n’est pas cruel ou qu’il ne souffre pas. Je lis également «les contribuables passent à la caisse pour les indemnisations des dégâts causés par le/les loups»…je pense là également, que nous tomberions de bien haut, si nous avions toute la liste pour laquelle nous «passons à la caisse» pour l’Etat…
«Promenons-nous dans les bois»… et parlons du loup. Et il ne s’agit pas de savoir si je suis «pour» ou «contre» le loup; si je suis «pour» ou «contre» la chasse. Il serait d’ailleurs ironique de ma part de prétendre être contre la chasse, je ne pourrais plus jamais être pris en flagrant délit en me délectant d’une bonne selle de chevreuil ou d’un excellent civet de cerf…
Non, je souhaite essayer de comprendre le loup, la vie de meute, et surtout, je suis et reste persuadé qu’une «cohabitation» reste possible et envisageable… les loups ont bien accepté l’arrivée de l’humain sur ses territoires. Je suis donc «pour» découvrir et apprendre à connaître cet animal, et reste persuadé, non seulement que cette cohabitation est tout à fait possible, mais également que nous pouvons continuer de faire des randonnées, du VTT et du ski de fond en toute sécurité.
Le loup rend des services écosystémiques importants, en régulant par exemple les populations de cervidés parfois jugées invasives.
Pourquoi les indemnisations aux éleveurs ne tombent-elles que lorsqu’il y a eu une bête dévorée??… pourquoi ne pas faire de la prévention et aider ces éleveurs à se munir des mesures de protection adéquates? Comme le fameux slogan «boire ou conduire, il faut choisir»… je ne me rappelle d’ailleurs pas avoir vu ou lu un article quelconque d’une personne ne buvant pas d’alcool, se plaignant de «passer à la caisse» avec ses impôts pour ces panneaux. A titre d’exemple, je me suis « promené » sur l’alpage de La Capitaine récemment… et j’y ai vécu ce que j’appelle «un grand moment de solitude». J’étais avec mon chien Buck (… en laisse), et en arrivant sur l’alpage, «peuplé» de vaches et… de veaux, mon chien s’est figé à côté de moi, «aux pieds» (fait inhabituel pour lui…). J’ai vite compris pourquoi. Nous avons en fait bénéficié d’une «escorte» jusqu’à la sortie de l’alpage, escorte de deux ânes! Et tout s’est bien passé, même si je dois avouer que je n’étais pas très rassuré. Les veaux et les vaches n’ont pas bougé, n’ont pas été stressés, et j’ai quitté cet alpage en me disant… «c’est donc bien possible»!
Quant à l’autorisation de tirs de deux «jeunes» de l’année dernière…comment faut-il faire comprendre que si ces deux spécimens se font tuer, il y aura très certainement une nouvelle portée l’année prochaine? La meute s’autorégule par elle-même et les 2 alphas gèrent le nombre de membres en fonction du territoire et de la nourriture disponible.
Et que va-t-il se passer si «par erreur ou malentendu», ce soit le mâle alpha qui se fait tuer?? Les jeunes de l’année dernière ont quasi atteint la taille adulte depuis et sont par conséquent facilement confondus avec un adulte. Ces jeunes n’auraient plus l’éducation de leur père, et si tel devait être le cas, les problèmes bien plus importants débuteraient. La meute serait dissoute et nous nous retrouverons avec plusieurs loups solitaires, qui seront incapables de chasser en meute, et qui définitivement opteront pour la «nourriture facile».
Je termine ce texte en disant une fois de plus bravo à Mademoiselle Meylan, bravo pour le courage de ses opinions et sa prise de position. Ouvrons nos yeux, laissons tomber nos œillères et «essayons» d’imaginer des solutions constructives et acceptables pour la satisfaction non seulement de l’humain, mais aussi de la nature et tous les êtres qu’elle accueille.
Nicolas Frey