Au moment de traiter la thématique de l’agriculture qui m’intéresse fortement, j’hésite à reparler de pénurie, puisque cela m’avait valu des courroux dans le courrier des lecteurs.
Néanmoins, un pays qui dépend à près de 50% de ses voisins peut faire mieux, ne serait-ce que pour assumer sa propre subsistance. Même si je m’étais engagé au comité vaudois contre les initiatives phytos extrêmes en juin dernier, dans le but principalement de promouvoir une nourriture locale, saine et abordable, je suis conscient qu’une diminution d’environ 50% des produits phytosanitaires de synthèse devra quand même avoir lieu. En effet, depuis quelques années on assiste à la mise en place de l’agriculture dite «intégrée» avec l’interdiction d’utiliser des pesticides ou des antibiotiques, limitation des engrais, obligation de lâcher le bétail à l’année, des écuries ouvertes et une quantité invraisemblable d’autres contraintes.
On attend du monde agricole, de ces femmes et de ces hommes de la terre, qu’ils s’engagent pour le climat, pour le développement durable, on les rend responsables des émissions de gaz à effet de serre. Ils se sentent découragés, déconsidérés et frustrés aussi qu’on ne reconnaisse pas la valeur de leurs produits. Importer au lieu de payer plus le lait suisse n’a pas de sens. Malheureusement, dans l’alimentaire, il y a deux distributeurs qui ont l’essentiel du marché et sur le marché de la viande également. Selon les chiffres de Prolait, les seuls cantons de Vaud, Neuchâtel, Fribourg et Berne sur l’exercice 2021 ont perdu 30 producteurs de lait sur 900. Il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard.
Que réserveront les années à venir aux paysans suisses ? La plupart des défis qui les attendent relèvent de choix de société. Nous avons même voté pour ou contre les cornes des vaches. Le monde agricole ne peut à lui seul régler la question alimentaire et ce n’est pas à coups de subsides sur les hectares SAU (surfaces agricoles utiles) et les PN (pâquiers normaux, soit la surface pour nourrir une vache pendant 100 jours) que nous allons les remotiver. Nous nous devons de les accompagner dans cette longue et profonde mutation en encourageant les circuits courts, de la production agricole au commerce local et là, les consommateurs que nous sommes toutes et tous avons un grand rôle à jouer. En soutenant le développement de technologies intelligentes qui aident à rendre la production plus durable comme les nouveaux outils de traitements qui analysent par vidéo et ciblent les plantes invasives au cas par cas. En facilitant et en accompagnant la création de lieux de commerce pour ces produits (marchés, vente directe, plateforme internet). C’est également en revalorisant à leur juste niveau leurs produits et par la reconnaissance de leur travail que nous pourrons assurer l’avenir des paysans suisses.
Assurer l’approvisionnement de notre pays en denrées alimentaires contribue à garantir sa liberté et son indépendance.
Le 20 mars, votez et faites voter les listes N° 5 pour le Conseil d’Etat et le Grand Conseil.
Christophe Bifrare