La Micro-Harmonie, réunissant la relève de la musique classique romande, proposait une passion laïque et féminine au Sentier. Malgré une ovation finale d’un public nombreux et conquis, ce projet aura soulevé quelques doutes.
«La Passion, amours infinies – infinies amours» était un concert annoncé d’exception, avec ses cent choristes, ses plus de cinquante musiciens et ses deux solistes. Initié à l’occasion de la dernière Fête des Vignerons, sa programmation comprenait quatre dates réparties sur deux week-ends. Il en allait du format «projet» choisi par la Micro-Harmonie, soit une semaine de répétitions par année suivie de quelques représentations. Plus petite des quatre églises choisies par les organisateurs, le temple du Sentier aura accueilli un large public de plaine. Il aura toutefois semblé par moment trop petit pour les «forte» d’un orchestre composé de musiciens de haut vol.
Vêtus de noir, on y note une section rythmique fournie à côté des instruments à vent. Derrière lui, le chœur entièrement féminin, d’un blanc virginal, ouvrait les feux avec un périlleux et prolongé unisson.
La Passion en pointillé
Nature du projet: une passion revisitée, portée par les deux femmes les plus proches de Jésus de Nazareth, Marie et Marie-Madeleine – la mère et la disciple en quête d’amour. Une approche osée, originale et d’ouverture qui, se voulant universelle, a mis la tradition sacrée et l’ancrage biblique à distance; le librettiste Stéphane Blok s’est basé sur son observation des œuvres picturales et visuelles des églises. Repartant sur des bases nouvelles, l’histoire séculaire de la Passion a été extraite de sa spécificité, de son ancrage et donc privée de sa force, même si le choix de la dissonance comme dominante musicale (censée représenter le monde d’ici-bas) était dès lors cohérent. Le onzième et dernier mouvement, marqué par la consonance et intitulé « Résurrection », concluait l’itinéraire de douleur et de déchirement des deux Marie sur une question, un élan, un espoir plus que sur une affirmation.
Restent une série de moments de grande beauté, telles certaines parties instrumentales, un Stabat Mater apaisant et en latin ainsi qu’un livret bienvenu sans lequel les paroles des récitals auraient été trop difficiles à comprendre.