Des motards combiers ont testé les lignes transversales apposées il y a deux semaines sur la chaussée. Si la trajectoire est meilleure, cette mesure expérimentale crée selon eux d’autres problèmes et surtout, elle pénalise une communauté de passionnés à cause des excès de quelques-uns.
Améliorer la sécurité et diminuer les nuisances sonores : tel est l’objectif des barres de marquage qui partent depuis la ligne médiane, avec la même peinture blanche, ajoutées début mai entre Mont-la-Ville et le col. Précisons d’emblée que cette mesure émane du canton et que les communes limitrophes n’ont pas eu leur mot à dire. À notre initiative, quatre membres du Moto-Club du Lac de Joux ont effectué une course-test la semaine dernière et livrent leur analyse.
Les plus
Laurence Trolliet, pilote expérimentée et prudente à la fois, s’attendait à « du chenit » et s’est ravisée : « Les marquages nous emmènent instinctivement sur la bonne ligne, je suis surprise en bien ». « En condition de route sèche et propre, le marquage apporte un effet positif sur la trajectoire » abonde Johann Rochat, autre pilote posé qui réserve ses envies de performances au circuit qu’il pratique de temps à autre. « J’ai essayé de rouler sur le marquage et cela vibre beaucoup, donc pas très agréable » – c’était l’effet recherché. Les marquages contraignent en effet les pilotes à rouler plutôt sur l’extérieur et donc, quand ils se penchent, ils ne se positionnent plus dans la ligne du trafic qui vient en face. De fait, c’est déjà tout pour les points positifs.
Les moins
L’ennemi mortel évoqué par tous nos pilotes, c’est la pluie. Quand la chaussée est mouillée, la peinture devient en effet aussi glissante que le verglas. François Reymond, doyen de nos testeurs, s’inquiète pour les jeunes conducteurs : « Le marquage rétrécit beaucoup la largeur de la chaussée; pour un motard certifié, aucun problème, tandis que pour un débutant, ça peut être stressant et avoir tendance à l’entraîner dans le bord. J’appréhende le premier jour où il y aura de la pluie. » C’est la benjamine du quatuor, Joëlle Poncet, qui se montre la plus critique : « Ce marquage donne encore plus une allure de circuit au col! Et maintenant, ce sont les voitures qui roulent sur les lignes et qui coupent les virages. Pas sûr que la sécurité soit améliorée ! »
Conclusion
Au Moto-Club du Lac de Joux, on convient bien qu’il y a un problème, résumé par son président Laurent Rochat : « Les rodéos du week-end, cela devient grave, d’accord. Quand on voit des motards qui se posent sur des chaises longues le long du col pour photographier les exploits des copains, c’est trop. On connaît aussi les comportements absurdes dans les villages, les coups de gaz intempestifs ou les “burns” [traces de pneus volontaires ndlr] sur la chaussée – moi, je n’ai pas été éduqué à vivre ma passion de la sorte. Il faut lutter là contre et trouver de bonnes solutions.» Mais le marquage au sol façon Mollendruz ne convainc pas nos motards. « Il peut y avoir du gravier, des feuilles mortes, de l’huile, voire de la bouse sur la chaussée du col ; en tant que motards, nous ne pourrons plus faire d’écart pour les éviter; soit on glisse sur le nouveau marquage, soit on part au talus. Je pense que nos routes sont trop étroites pour ça », s’agace Joëlle Poncet. « Celui qui veut faire un chrono dans le Mollendruz le fera de toute façon ; ce genre de pilotes ne vient de toute façon que par beau temps», ajoute Laurent Rochat. «À cause d’eux, on pénalise les pendulaires et les touristes responsables. Je trouve dommage que des décisions soient prises sans que soient consultées les personnes qui seront impactées », conclut Laurent Rochat.
Un club quasi centenaire
Créé en 1927, le Moto-Club du Lac de Joux fête donc cette année 95 ans d’existence. Cet anniversaire sera marqué au début août par une sortie surprise. Fort de cent vingt membres, le club organise deux sorties par an à moto, une journée rallye familial (en voiture) dans le district. Cette année, une deuxième (après 2018) Fête de la bière sera également organisée à fin octobre. À côté de cela, les membres et amis vont souvent rouler ensemble à l’improviste.
