C’était le grand retour du Hors Normes Festival la semaine passée. Pour cette 11e édition, Loïc Grobéty a une fois de plus choisi sa programmation avec soin, en redéfinissant la musicalité dans son entier.

Festival de performances sonores
Trois jours de festival suffisent-ils à ce que le Combier curieux de sonorités inhabituelles à l’oreille lambda y prenne goût ? « Ce n’est pas un festival de musique comme il y en a tant, le Hors Normes est un festival de performances sonores, explique Loïc Grobéty, organisateur. Elles apportent de nouvelles approches dont certaines radicales. On invite des personnes qui ont monté un projet, qui utilisent les mots comme des sons et des rythmes. On cherche toujours des approches surprenantes. »
Poèmes sonores
La surprise a été partagée, non seulement par le public mais aussi par Loïc, en écoutant Jacques Demierre et Anouck Genthon qui ouvraient le bal. Un duo violon-voix surprenant, dans lequel le pianiste utilise sa voix, le tout finissant par envoûter les auditeurs « ces pièces sont issues de la rencontre de mon travail sur la poésie sonore et des mouvements initialement écrits pour un duo de voix. Avec Anouck, nous l’avons retravaillé pour que la deuxième voix devienne instrumentale. » Un texte sans une seule voyelle, des extraits de mots de sanscrit, accompagnés par une approche au violon très personnelle. En fin de soirée, Saadet Türköz a enchanté l’église du Pont avec sa voix mêlant musique traditionnelle Kazakh et improvisation libre.
Quelle est la définition de la musique ?
« Un ensemble de sons hiérarchisés d’une certaine manière, libre, conventionnelle, pas loin de la performance… il y a plein de musique dans les silences. » dira Cyril Meysson, guitariste de Saint-Etienne inspiré. Pour Raphaël Ortis, artiste genevois « Au plus profond de moi, un environnement artistique peut prétendre à nous donner des pistes utilisées par le langage pour s’exprimer mais on peut utiliser plein d’autres choses comme les émotions, c’est difficilement perceptible : rendre visible des choses invisibles. » Cafetière réglée pour marquer la fin de son set, le bassiste ayant collaboré avec Henri Dès, distribue le café au public « l’odeur fait également partie de la performance, c’est une image qui rassemble, on discute tous autour d’un café. »
ADN du Hors Normes
Cette 11e édition, tout comme les précédentes, fait mouche. L’originalité des artistes, leur façon unique d’utiliser leurs instruments, comme la voix et la respiration, ou encore une guitare sans jamais prendre un médiator mais d’autres ustensiles surprenants, le festival interroge, force à redéfinir et élargir notre vision de la musique. « Il faut toujours trouver des choses qui avancent, bousculent, en lien avec la région, complète Loïc Grobéty, avoir une vision réellement de défense d’une certaine forme de scène méconnue dans les campagnes. C’est un travail de friche, de découverte. C’est l’ADN du Hors Normes. » Mission réussie !

