La décision historique de la Cour suprême des Etats-Unis de revenir sur l’arrêt Roe v Wade, permettant ainsi à chaque Etat d’autoriser ou non l’avortement a été un choc. J’ai eu peine à y croire, et à l’heure où j’écris ces lignes, j’oscille encore entre colère et tristesse de voir qu’en 2022, le corps des femmes ne leur appartient pas vraiment. Puisque quelques personnes peuvent décider ce qu’elles ont le droit de faire avec ou pas.
Presque 8’000 kilomètres nous séparent de ce pays, on se croirait presque à l’abri. Presque. Ce serait oublier qu’au mois de mai, le Conseil National a voté sur deux motions UDC visant à encadrer plus sévèrement le droit à l’avortement. Heureusement, la chambre basse les a largement refusées. Mais la volonté est là, en Suisse aussi, de légiférer sur les utérus des femmes.
Est-il vraiment nécessaire d’argumenter sur la nécessité d’autoriser les avortements? Les récits de nos grands-mères ne manquent pas. Celles qui ont dû, en cachette, trouver tous les moyens pour ne pas mener à terme une grossesse non désirée. Au péril de leur santé, et même de leur vie. Interdire l’avortement ne réduira pas le phénomène. Cela augmentera au contraire les avortements clandestins avec les conséquences désastreuses que l’on connaît pour la santé des femmes. Et ne parlons pas des grossesse issues d’un viol ou d’un inceste. La décision américaine, et les motions UDC, nous rappellent douloureusement que nos droits ne sont jamais acquis, et comme l’a dit très justement Simone de Beauvoir: «N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.» Vigilantes, on le sera, en Suisse aussi.
Adriane Bossy,
militante féministe et membre du PS