Et passe la caravane
Comme dans l’expression « Les chiens aboient, la caravane passe ».
Les chameaux étaient les transporteurs du désert par excellence, au passage desquels aboyaient les canidés. Tels des coureurs tête baissée sur les routes d’un certain Tour, tandis que s’égosillent les humanidés le long du parcours. Une image de la vie ?
Alors que le chien s’époumone, le chameau avance, imperturbable, transportant sa cargaison. Avec l’indifférence de l’affairiste: vous pouvez édicter des lois, vociférer pour le climat, réclamer l’égalité, d’un point à l’autre du globe, le négoce toujours fleurira quitte à emprunter d’autres voies.
D’autres caravanes
Jadis celle des Bourbakis en déroute, arrivés du Risoud au nombre de 12’000 hommes. De nos jours, une caravane de 32 familles ukrainiennes et plusieurs autres qui «campent» parmi nous. Allons-nous aboyer? avancer sans ciller? dénoncer l’inadmissible cruauté? tout miser sur la dernière trouvaille horlogère?
Une porte ouverte
Souvent, on retrouve le chameau au détour d’une page biblique, hautain mais pas autant que le nanti que je risque d’être: «Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu». Il s’agissait d’une porte basse pour entrer de nuit à Jérusalem, une fois la cargaison déchargée. Quel surplus nous empêche-t-il de passer cette porte: excès de suffisance? tendance à foncer tête baissée? Et si nos vies ressemblaient à une porte ouverte?
Pasteur Antoine Schluchter