La ferme des Mollards-des-Aubert a ouvert ses portes les 10 et 11 septembre. Les visiteurs se sont laissé commenter l’avancée des réfections qui ont repris il y a peu. Parking en devers dans un champ, marche à travers bois et pâturages sur chemin gravillonné et météo maussade: les visiteurs de plaine étaient motivés, ce 10 septembre, pour venir découvrir les Mollards-des-Aubert, ferme isolée des hauts du Brassus. Mais tout joyau est à ce prix. Car une fois à l’intérieur, c’est un voyage dans le temps assuré, grâce aux guides qui vous expliquent ce qu’il faut voir.

Visite guidée
Etienne Berney s’extasie devant la charpente d’origine « pas trop fatiguée », faite avec des matériaux locaux et des moyens qui semblent aujourd’hui dérisoires. Chaque poutre, jusqu’à onze mètres de long, a été taillée dans un arbre à l’hiver et amenée sur place avec cheval et traîneaux. Cindy Grohe détaille la partie habitable, en plein chantier, la source qui jaillit sous la maison et ses pièces-cheminées s’élevant jusqu’au faîte où l’on faisait le feu à même le sol. Enfin, dehors, le tavillonneur Patrick Jampen cloue en façade et explique son art, intarissable, à un public curieux et attentif. Au-delà des aspects technique du bâti, l’on se représente ce que pouvait être la vie dans cette hauteur pittoresque mais désolée, comment les Aubert qui l’ont habité ont mis trois ans à défricher les alentours et essayé de trouver décennie après décennie un peu d’artisanat pour survivre: pierreries, coutellerie, gravure. L’on découvre encore l’atelier Pierre Aubert et quelques toiles. Le graveur a d’abord dû créer cette pièce pour ensuite s’y adonner à son art.
Gîte rural d’été
Le projet de réfection du MDA est aussi vieux que son rachat il y aura bientôt une vingtaine d’années. C’est un de ces projets au long cours, d’une grande complexité institutionnelle et financière. L’arrivée d’un nouveau partenaire compétent en réfection d’anciens ouvrages, le bureau Glatz & Delachaux, a donné un nouvel élan au projet. «Notre approche est la suivante: on conserve tout, on remet tout. C’est un peu l’apologie du low tech», explique Patrick Tamone, architecte. Concrètement, l’étage restera en l’état pour devenir une partie muséale et une pièce de séminaires. Le rez-de-chaussée accueillera un appartement de vacances. « Il y aura un éclairage minimal assuré par des panneaux photovoltaïques et la chasse d’eau sera manuelle pour que les utilisateurs prennent conscience de la valeur de ce bien. Nous avons été inscrits sur la liste des Vacances au cœur du patrimoine, un concept qui marche très fort en Suisse alémanique », poursuit Patrick Tamone, tout sourire. Sans chauffage, ce gîte rural sera donc loué seulement à l’été. Enfin la grange deviendra un espace festif susceptible d’accueillir du public, moyennant quelques travaux d’accessibilité sur les ponts. Si tout va bien, la réfection sera terminée en fin d’année prochaine.
Pierre Aubert honoré à l’Essor
Chaque année, les Journées Européennes du Patrimoine ont lieu à la mi-septembre. Le thème de cette année étaient les lieux d’art, de spectacle et de culture. Les Mollards-des-Aubert s’inscrivaient dans cette définition, et plus encore, puisque cette bâtisse-record (on la dit ferme la plus haute habitée à l’année de tout l’arc jurassien) réunit nombre de domaines, l’art, l’architecture et la paysannerie de montagne notamment. Heureux hasard du calendrier, Pierre Aubert fait l’objet d’une exposition à l’Essor. Intitulée Pierre Aubert, peintre, celle-ci mettra en valeur l’autre facette de celui qui est reconnu comme l’une des figures majeures de la gravure sur bois en Suisse au XXe siècle : sa peinture, qui fait la part belle à la nature. Le vernissage a lieu après-demain à 17h.

