Bernard fut un des piliers influents et membre indéfectible de la société des chasseurs de la Vallée de Joux.
Nous présentons à sa famille nos condoléances les plus sincères et l’assurance de notre affection.
Quel choc !… quelle consternation ! … quel rappel douloureux de notre condition humaine aussi imprévisible qu’inéluctable dans sa finalité.
Il serait prétentieux de définir la personnalité d’un ami-chasseur qui nous quitte, par les seules qualités et traits de caractère que l’on attribue peut-être aux disciples de St-Hubert. Que ceux-ci, par héritage ou par choix en aient fait sinon un mode de vie mais pour le moins un engagement exigeant.
Et cette exigence d’engagement Bernard l’a manifestée tout au long de son existence en qualité de municipal, Abbé-Président de l’Abbaye, Pote-au-feu, choriste, hockeyeur, footballeur pour n’en citer que quelques-unes.
Notre ami avait une aptitude naturelle à organiser, orienter, créer quantité d’activités avec jovialité, générosité, volonté de progression et en prime, cette certitude souriante qu’étant fils d’officier, les lois de l’hérédité le prédisposaient à accepter tout naturellement de nombreuses présidences…
Lors de certaines assemblées de l’Abbaye du Pont, dans la petite salle de la Truite et afin de motiver ses troupes, Bernard affichait sur un tableau une devise qu’il a toujours respectée.
« Si tu oublies de te préparer, prépare-toi à te faire oublier… »
Disons-le avec affection, notre ami parlait fort, exprimait souvent des points de vue particuliers. Bernard vibrait d’un feu intérieur inspiré par la sincérité et l’engagement. Il ne laissait personne indifférent.
Il fut disciple de St-Hubert connaissant parfaitement la chasse au chien courant en la pratiquant assidûment parce que plus que toute autre, elle véhicule les germes de l’émotion et de la convivialité. Il était entiché du Bruno du Jura, cultivant une relation quasi fusionnelle avec Micky son dernier compagnon à 4 pattes.
Comme la plupart de ses collègues, Bernard respectait la loi… le mieux possible… en vouant parfois à des contraintes véritablement excessives une indifférence amusée et révélatrice…
Mais là où il donna sa pleine mesure ce fut dans son implication dans la défense de son activité favorite.
Doté d’un esprit rassembleur peu commun, il présida avec talent notre société, entraînant ses membres en diverses aventures pour aboutir à la célébration de notre 100e anniversaire dont chacun se souvient encore. Visionnaire, il fut l’un des promoteurs en 1996 déjà d’une exposition sur le loup avec film et débat.
Membre du comité cantonal, secrétaire de Diana Suisse, il tissa un réseau important d’amitiés intercantonales.
Mais Bernard ne fut pas que cela ; il affronta avec détermination les aléas économiques de sa difficile profession.
C’était un vrai libéral dans le sens noble du terme, responsable, courageux, généreux,… trop peut-être…
Et lorsque à l’heure du café matinal pris en vitesse au Terminus, il annonçait qu’il allait rejoindre « ses » femmes, c’était un clin d’œil de tendresse et d’altruisme qu’il adressait à Nadine et Albina.
Bernard est parti… rejoindre allez-savoir, son beau-père Jules-Emile comme lui décédé subitement, pour poursuivre dans sa chère Biolle ou au chalet des chasseurs une éternelle partie de cartes ponctuée de rires sonores.
La mort est une accompagnatrice du chasseur puisque ce dernier la donne… C’est une occasion pour lui de se familiariser avec elle.
Ne pourrait-on pas considérer la chasse non seulement comme garante d’un équilibre biologique, mais aussi comme une méditation sur le lien entre la vie et la mort, capable de nous permettre de l’affronter sereinement.
Je reste persuadé que Bernard partageait cette conviction née d’un collectif de philosophes.
Merci à lui de nous avoir honoré de son amitié. Merci à Nadine de sa complicité amoureuse.
« Chasseur le jour approche, c’est l’heure il faut partir…
Le cor de proche en proche les bois fait retentir »
C’est un chant d’école que Bernard aimait entonner !
Diana Vallée de Joux