Mi-novembre, le Conseil d’Etat a présenté son Programme de législature 1. La concrétisation de ce document a, semble-t-il, nécessité un nombre record de séances au sein de l’exécutif cantonal. Il faut dire que l’exercice n’est pas simple. Mettre sur papier les volontés pour les cinq prochaines années d’un collège composé de représentants et représentantes de quatre partis tout en respectant les engagements pris lors de la récente campagne électorale, ce n’est assurément pas chose aisée.
L’exercice est d’autant plus complexe que la majorité en place est fragile puisqu’elle se compose du PLR et du Centre, soit deux des trois entités de l’Alliance vaudoise. Le Centre n’ayant aucune représentation au sein du Grand Conseil, la majorité de droite au Conseil d’Etat doit travailler avec l’UDC pour faire passer ses projets au législatif.
Dans le même temps, le Conseil d’Etat compte deux élues socialistes et un représentant des Vert.e.s dans ses rangs. Afin d’éviter une politique d’opposition de ces partis, la majorité bourgeoise se doit aussi d’être ouverte et d’intégrer au Programme de législature quelques objectifs qui peuvent satisfaire à gauche de l’hémicycle.
Quel est le résultat des réflexions du nouveau gouvernement? Un document de 90 pages qui annonce une série d’objectifs ainsi qu’une planification financière pour les atteindre. Pour l’essentiel de ces objectifs, il n’y a toutefois pour l’heure aucune action de mise en œuvre.
En somme, on comprend ce que le Conseil d’Etat souhaite faire mais on ne sait pas comment il va le faire. Voilà la limite d’un exercice qui est tout de même central pour le nouveau gouvernement puisque tout au long de la législature, son action sera lue au prisme de ce Programme de législature, auquel il doit légalement se référer.
Sur le fond, le changement de style est palpable entre la nouvelle majorité de droite et la précédente de gauche. Par rapport à 2017, on parle en effet plus de «liberté» et beaucoup moins de «solidarité». Le premier objectif annoncé et élément central du document est la fiscalité. L’exécutif cantonal annonce en effet une baisse d’impôt de 250 millions de CHF qu’il compte atteindre par étape d’ici 2027. On ne sait toutefois pas encore comment cette baisse fiscale sera mise en œuvre, qui en bénéficiera et quelles en seront les conséquences sur le fonctionnement de l’Etat.
Ce Programme de législature sera prochainement débattu au Grand Conseil. Ce sera un des premiers tests de la nouvelle majorité qui devra convaincre l’assemblée que ses objectifs et sa planification financière sont réalistes, suffisants pour répondre aux besoins en cette période de crise (guerre en Ukraine, climat, énergie, pouvoir d’achat) et aux enjeux d’avenir. Il va sans dire que les partis de gauche n’en sont pas pleinement satisfaits. Cela annonce des débats intéressants.
D’ici-là, le Grand Conseil traitera du premier Budget de Valérie Dittli. Là aussi, les débats s’annoncent passionnants!
1 Le texte est disponible à l’adresse suivante: https://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/organisation/ce/fichiers_pdf/PL2022-2027_vFINAL-petit.pdf