Première exposition pour deux nouvelles artisanes

L’une des fonctions des marchés de Noël, c’est de fournir un objectif et une motivation supplémentaire à des artisans amateurs, voire professionnels. La preuve avec deux exposantes de celui de L’Abbaye, du 25 au 27 novembre.

Fusing

Vous avez dit fusing? Ce terme anglais recouvre un très vieil art, celui du verre fusionné, plus exactement des différentes couches de verre fusionnées dans un four à haute température. Françoise Wey, de Vallorbe, présentait pour la première fois sur un marché ses créations. Et d’expliquer un peu plus son travail : « Les morceaux ornementaux, d’une couleur unie, sont coupés au diamant et collés sur la plaque de verre neutre. On les monte comme un puzzle, en relief. Ils seront ensuite décorés au sortir du four, par exemple pour donner des yeux et des traits à un chat. C’est aussi cette première cuite qui permet, au moyen d’un moule, de donner un bombé à l’ensemble, qui va fondre et se couler dans la forme choisie. Une deuxième cuisson, à 530°, soit 300° de moins que la première parachève l’œuvre. » Cela fait dix ans que la Vallorbière développe cette technique, au point de devenir autonome et de continuer à se former à domicile avec une amie. Chaque création lui prend quelques jours, mais de son propre aveu, c’est parce qu’elle travaille au rythme de la limace.

Essai garant sur une façade

Autre nouvelle exposante, Éponine Lelièvre impressionne par ses peintures d’animaux en couleur, réalisées à l’huile sur des planches de tilleul, de chêne ou d’autres essences. Même le bois vient de Vaulion, où elle travaille depuis deux ans et demi à la ferme comme employée chez l’agriculteur David Guignard. La genèse de son travail d’artisane vaut le détour : « Nous avons construit un nouveau rural cette année et j’ai profité de l’occasion pour orner la façade de portraits d’animaux ». L’agriculteur étant le fils de Philippe Guignard, coordinateur de longue date du Marché de L’Abbaye, celui-ci n’a pas manqué d’inviter Éponine Lelièvre à venir exposer son travail. « Je n’ai jamais pris de cours ou suivi de formation en peinture à l’huile. Je pense que c’est inné, ma maman était douée pour le dessin », explique modestement l’agricultrice. Son hobby, elle le vit la nuit, quand son métier d’agricultrice lui laisse un brin de répit. Signe de son talent, depuis cette fameuse façade de rural, elle reçoit des commandes pour des tableaux.

Démarche collective

Marché d’abord artisanal et amateur, le Marché des artisans de L’Abbaye garde une mentalité collective. Les exposants sont invités à prendre part au montage et au démontage et à partager un repas commun le dimanche, quand les dernières visites sont parties. Philippe Guignard, gardien des valeurs et de la tradition, gardien du temple, au fond, les aura visités à l’avance. Ce fait n’aura pas manqué de toucher l’un des rares professionnels à exposer à la grande salle, le coutelier Julien Guiraud. « Sur d’autres marchés, il n’est pas rare de n’avoir aucun lien avec les organisateurs, outre les formalités administratives et de repartir sans avoir fraternisé avec aucun autre exposant. Pas ici ».

Le premier des marchés de Noël de la Haute Combe, 17 exposants cette année, continue son bonhomme de chemin et à attirer et stimuler des amateurs de La Vallée et des environs de Vallorbe et du vallon du Nozon.

Mentions spéciales à

• Julien Guiraud, de Cuarnens et son stand de couteaux artisanaux, dont certains comptent 160 couches (!) de métal. Le CFC de forgeron-coutelier ayant disparu, l’ancien contrôleur qualité s’est formé en autodidacte, c’est-à-dire et selon ses propres termes, qu’il a «appris par l’erreur.» C’est sa première année d’indépendant.

• Emilie Messayer, la plus jeune exposante, avait déjà vendu vendredi soir ses créations, deux coussins de lavande. Elle partageait le stand de sa tante et mentor artistique, Nicole Messayer, de Vaulion également.