Nous sommes tous des fans de Davel, titrait 24 heures du 25 avril 2023. Dans cet article de Claude Béa on pouvait lire que Davel était originaire de la paroisse de Saint Georges, c’est-à-dire San Giorgio, en Piémont.
Parmi les Lombards qui se sont établis dans les paroisses de Lutry, de Villette et de Saint-Saphorin aux XVe et XVIe siècles figurent beaucoup de noms connus : Bujard, Cabussat, Décastel, Janin, Joly, Lin, Martin, Mermod, Monnet, Noverraz, Ponnaz, Porta, Vuaraz et donc Davel.
Le héros des Vaudois était le descendant d’immigrés lombards de la paroisse de Saint-Georges dans le val Divedro (aujourd’hui Varzo).
Or par hasard, ce 30 avril 2023, nous nous arrêtions à Varzo pour une courte visite. Cette antique cité de pierre offre à voir en premier une église impressionnante par son clocher. Elle apparaît de très loin. Sa couleur de pierre lui sied bien. Malheureusement l’intérieur est presque aussi noir qu’un four, ce qui ne met d’aucune manière en évidence les trésors de fresques et de peintures qu’elle recèle.
Lors de cette visite le sacristain, dont les grands-parents tenaient une boutique d’étoffes à Orbe ! – comme le monde est petit ! – nous aborde et nous donne nombre d’indications sur l’église et sur la cité.
On apprend que celle-ci, en des temps anciens, était plus peuplée que Domodossola, ville située à une vingtaine de kilomètres plus au sud. Tandis qu’aujourd’hui Varzo compte moins de 2000 habitants et que sa « rivale » en a près de dix fois plus ! Quelle déchéance donc pour cette communauté dont le 80% des actifs ne trouvent à s’occuper qu’en Suisse, à Brigue et en sa région voisine, plus au sud en Italie, ou même au Tessin.
La population de Varzo avait connu son pic en 1901. S’y trouvaient alors 3534 habitants. On le comprendra aisément, c’est le percement du tunnel du Simplon qui amena un afflux de population active dès 1898. Les travaux allaient durer jusqu’en 1906 et pendant ces quelque dix ans, la cité allait connaître une fébrilité inconnue jusque-là. La fin des travaux amena naturellement un reflux de population important, qui ne cesserait désormais de tout le siècle et même du suivant.
L’érosion concerna surtout le noyau de l’agglomération qui ne compterait plus aujourd’hui que 50 habitants. Ceux-ci établis dans un complexe certes fascinant, avec de vieilles maisons, des petites ruelles et des escaliers en nombre, mais où l’abandon est perceptible et dégage un sentiment de
tristesse poignant.
Vieux village de pierre, très vieux même, puisque l’église, romane, révèle des élément du XIe siècle, avec même quelques particules de fresques de cette époque conservées précieusement dans la sacristie. D’autre part on sait que les Romains étaient déjà sur les lieux.
Mais si la cité peut être considérée comme déclinante, c’est pire encore pour ce qui concerne les hameaux environnants que l’on découvre pour la plupart abandonnés, en particulier du côté de la montagne. Et pourtant là-haut la situation est belle et ensoleillée. Mais vivant d’une agriculture de subsistance, peu desservis par des routes suffisantes, les habitants allaient peu à peu se replier sur le bas voire quitter le pays. On trouvait mieux ailleurs.
Varzo est un bourg vraiment digne d’être visité, même s’il a encore perdu récemment un restaurant établi dans une tour à l’âge canonique et la seule librairie du coin. Il se démarque de tout ce que l’on pourra connaître en amont, quand l’on aura franchi les gorges impressionnantes de Gondo, traversé le village de ce nom, que l’on aura vu bientôt Gaby et ensuite Simplon Village lui aussi très ancien, et chargé d’une histoire des communications extraordinaire. Puis que l’on aura franchi bientôt le col du Simplon, contemplé une nouvelle fois son hospice mythique dans sa jolie couleur rosée et gagné cette Suisse hyper développée où l’on en sera sans doute un jour à se battre pour le moindre m2 !
Pour en revenir à Davel, considérons que l’un de ses plus lointains ancêtres est cet Antoine établi à Chenaux en 1489. On peut supposer qu’il était maçon. La famille serait encore considérée comme « étrangère » plus de trois quarts de siècle plus tard, avec une descendance qui ne deviendrait bourgeoise de Riex qu’en 1577 et de Cully qu’en 1605. Varzo était désormais bien loin.
En résumé, qui eut cru que ce Davel, en apparence Vaudois jusqu’au bout des ongles, était d’origine piémontaise ou lombarde ? Sans doute personne !
Ymer

