Pour l’un de ses derniers rendez-vous en terre combière, le 11 mai, la Société suisse de chronométrie a investi le Grand Hôtel. Cent quarante cadres ont participé à cette journée d’étude et de réseautage.
Le débat était voulu entre constructeurs de joints – on pourrait presque mettre le mot au singulier – et utilisateurs de cette pièce d’horlogerie, spécialement les constructeurs de boîtes de montre. En effet, bientôt deux siècles après la « découverte » du caoutchouc industriel, les montres ont toujours des problèmes d’étanchéité, cause principale des retours en réparation.
Quelques années après avoir abordé le sujet lors d’une de ses rencontres professionnelles, la Société suisse de chronométrie (SSC) remettait la compresse.
Après un rappel des fondamentaux par deux chercheuses de l’Association Suisse pour la Recherche Horlogère, notamment sur le fait qu’une montre qui a de la buée n’a pas forcément un problème d’étanchéité, le podium était laissé à Pascal Bourquard, lequel a notamment conçu les masques de l’armée suisse. Allure de rocker, verbe haut et tranchant, le spécialiste a rappelé à son tour: le latex est un matériau organique, qui a des limites de performances. Les fabricants rêveraient de joints éternels, pour éviter de rouvrir la montre, ce n’est pas possible.
Plaidoyer
Dans ce qui était plus un plaidoyer qu’un discours de technicien, le dernier fabricant suisse a fustigé les libertés prises par les constructeurs horlogers : « On n’aurait pas idée de mettre des pneus de vélo a une Formule 1, non ? Et pourtant, certains le font avec les joints trop fins ou trop comprimés. Respectons le travail de nos ancêtres qui n’étaient pas aussi aventureux. » Cible du spécialiste : les joints chinois, aux prix cassés mais à la durabilité incertaine. « Personne ne sait ce qu’ils mettent dedans. À nous de trouver des solutions technologiques ! » Faute de quoi, le fabricant de joints Biwi de Glovelier pourrait mettre la clé sous la porte, a-t-il encore alerté, un brin pessimiste.
Plongée record
Mais le plat de résistance de la matinée était le récit d’une prouesse d’étanchéité réalisée par Omega avec sa Seamaster Planet Ocean Ultra Deep. En effet, de tout temps, la plongée autonome a eu besoin de garde-temps pour bien gérer ses paliers de décompression, à la remontée en surface. Leader dans la montre sportive, Omega n’a cessé de développer ses modèles de plongée, s’inspirant notamment des vitres de scaphandre, où le verre, de forme conique, aux bords incurvés, vient en appui sur une carrure de forme inverse, comme l’ont expliqué et montré (notamment avec l’image d’un microscope projetée sur grand écran) Gregory Kissling et Cédric Kaltenrieder. En 2019, les deux hommes ont amené trois « Seamaster Ultra Deep » à Guam, au départ de l’expédition record vers la Fosse des Mariannes et ce sont eux qui ont briefé les sous-mariniers. À ces profondeurs extrêmes, le verre saphir de la montre porte un poids équivalent à celui de deux éléphants adultes.
Dernière année de présidence
La matinée au Grand Hôtel du Pont était le dernier événement organisé en la Haute Combe sous la présidence combière de la SSC. A l’automne dernier, à l’occasion du Congrès International qui a eu lieu sur 2 journées au SwissTech Center à Lausanne, nous avons accueilli à La Vallée des apprentis horlogers de plusieurs écoles étrangères pour une immersion dans les entreprises horlogères, l’Ecole Technique, l’Observatoire Astroval et l’Espace Horloger. Les Combiers auront notamment ajouté un événement à la liste de rencontres annuelles, sous forme d’afterwork. Le prochain rendez-vous, ce sera cet automne au SwissTech Center, avec la journée d’étude et ses six à huit cents participants.
Ensuite, en 2024, le flambeau sera transmis à Genève pour le centenaire de l’association, qui reviendra pour l’occasion sur les terres où elle a été fondée.

année la SSC.

