J’ai assisté à la première représentation du spectacle de la Compagnie du Clédar Le Roi Lear de Shakespeare le 16 août dernier.
J’en suis ressorti avec le sentiment d’avoir vécu deux heures de fête.
Au début, j’ai commencé par penser que je devais comprendre l’action qui se déroulait, les situations qui étaient exposées. Et puis comme j’avais de la peine à suivre, je me suis dit qu’il fallait au moins voir qui étaient les bons, qui étaient les méchants, qui des personnages pouvaient être des amis, lesquels je trouvais désagréables.
Et puis, au gré des renversements de situation, des trahisons qui se succèdent, des rapports de force entre les personnages où l’on ne sait plus vraiment qui est le fort et qui est le faible, je me suis finalement laissé porter par le flux des mots qui s’enchaînent comme portés par une fatalité qui nous dépasse.
Et parvenu à ce stade, je plonge dans l’essence même du spectacle, sans plus vouloir y trouver de message philosophique ou d’explications raisonnables.
Et là, j’ai pu vraiment apprécier l’excellence de la réalisation du Clédar. Tout s’y marie avec bonheur: texte, jeu des acteurs, costumes, superbe décor de bois où les plans horizontal et vertical se combinent et ne cessent de stimuler l’imagination de tous.
Et il y a la musique, qui se moule si bien aux textes, dialogues et jeu des acteurs. La musique, c’est une «fanfare» à six, dont une corniste spectaculaire et la batterie, qui souligne les ambiances à la perfection. Et le chef musical, discret et combien efficace coordinateur de l’ensemble, qui de plus apporte un moment de rêve en chantant de sa voix de contre-ténor.
Du début à la fin, il se dégage de cette réalisation un esprit d’équipe qui donne le sentiment d’une entente, comme familiale… sans hiérarchie, le sentiment d’une harmonie où tout se combine et s’enchaîne.
Mais ne nous y trompons pas: tout cela ne tombe pas du ciel. C’est le fruit de beaucoup de travail. Et le résultat d’un travail de mise en scène de haute qualité.
Tout au long de la représentation, l’attention du public a été totale et des applaudissements nourris ont clos cette belle soirée.
Bernard Walter