Vous ne le reverrez plus Benoît Mpoyi Dikolela Wa Mbala dans les rues de la Vallée de Joux ou à Vallorbe… À 58 ans, peut-être en raison de trop de souffrances, son cœur a lâché, laissant derrière lui trois enfants adultes et deux enfants en bas âge ainsi que sa compagne.
Retour sur son parcours atypique. Il a été magistrat en République Démocratique du Congo, mais à cause d’instabilité politique, il a dû quitter son Congo natal, qu’il aimait tant pour une destination qu’il ne connaissait pas. Il atterrit à Genève en cherchant l’asile politique pour sauver sa vie, lui-même qui a sauvé la vie d’une centaine de personnes au Congo. Les policiers l’encadrent et l’emmènent à Lausanne puis à Vallorbe, puis au Brassus. Là, il vit quelques mois difficiles. Un jour, il va jusqu’en bas du village. Et c’est là qu’il rencontrera une personne souriante, qui va l’écouter et qui va énormément l’aider, d’abord pour lui trouver un travail et ensuite pour un logement.
Avec les défis de trouver un travail et de vivre avec son statut, loin des siens, les années s’écoulent et Benoît travaille dur et fait preuve d’une force de caractère incroyable et d’une résilience presque illimitée. Dans son quotidien, Benoît adore la musique qu’elle soit africaine ou française. Il a découvert Florent Pagny et au travers de lui également Jacques Brel et tant d’autres chanteurs français. Il adore cuisiner et a toujours pris soin de s’en occuper. Durant le Covid, alors qu’il ne pouvait pas travailler, il a même proposé des plats africains à l’emporter. N’en déplaise à ses compatriotes congolais, son pondou (feuilles de manioc écrasées avec aubergines et plein d’autres légumes et du poisson émietté, un peu comme notre purée d’épinards mais sans crème) était le meilleur. Il aimait aussi la cuisine suisse et bien sûr notre fameuse « frââche » vaudoise ainsi que la tresse, qu’il confectionnait à merveille.
Des difficultés, il en aura encore rencontré toute sa vie. Un jour, il a dit : « J’ai tellement souffert que mon cœur ne tiendra pas ! ». Peut-être avait-il raison car à 58 ans seulement, il a été retrouvé sans vie dans son appartement. C’est trop jeune pour partir pour ce papa qui aimait tant ses enfants. Maintenant son rire profond et contagieux résonnera dans les étoiles…
Sa cérémonie d’adieu est planifiée vendredi 3 novembre 2023 à midi à Montoie, Lausanne.
Auteur connu de la rédaction