Le 19 mars dernier, les trois municipalités de la Vallée de Joux ont accepté une rencontre, demandée par un groupe de parents s’étant réunis après avoir réalisé qu’ils n’étaient pas seuls à ne pas avoir obtenu de places de garde à l’unité d’accueil pour écoliers (UAPE) de la région ou chez une maman de jour (AMF). Il s’agit d’environ 25 familles, dont la plupart ont un enfant qui commencera l’école à la rentrée prochaine. Nous savons que d’autres familles, que nous n’avons pas touchées, sont concernées aussi par cette problématique. D’autres encore sont confrontées à un manque de place pour le préscolaire ou pour changer d’horaire au sein de l’UAPE.
Des familles un peu chamboulées de ne pas savoir comment elles vont pouvoir organiser leur emploi du temps, tout en conciliant vie professionnelle et vie privée. Formule si banalement utilisée qu’on semble en avoir oublié ce que cela signifie réellement. Des familles qui, naïvement, pensaient qu’il allait de soi qu’en 2024, leurs enfants auraient une place, même partielle, dans la continuité de la garderie ou de l’accueil chez des mamans de jour (le même réseau gère les différentes structures et les inscriptions).
Les autorités présentes nous ont attentivement écoutés raconter nos situations personnelles, ont tenté de nous expliquer leur réalité et de répondre à nos questions, nous les en remercions.
Nous avons découvert que l’augmentation des demandes de places de garde était bien au-delà des planifications. Nous avons compris à quel point il était compliqué d’ouvrir de nouvelles structures (normes, budgets, multitudes des intervenants). Nous avons entendu que la problématique était cantonale et que c’était «pire ailleurs». Nous sommes heureux d’avoir appris aussi, grâce au député Sébastien Cala, que cette thématique était largement abordée au niveau cantonal et que des propositions pour améliorer la situation étaient en attente.
D’accord, merci!
Et maintenant qu’est-ce qu’on fait nous? Avec tout notre respect pour votre travail, cher·e·s élu·e·s, communaux·ales et cantonaux·ales, et nous posons la question surtout à celles et ceux qui ne se sentent pas concerné·e·s par cette thématique…
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait nous?
On appelle nos employeurs pour leur dire «puisque la planification n’était pas bonne, nous reviendrons travailler en 2026»?
On explique à nos enfants de quatre ans «la complexité pour ouvrir de nouvelles structures adaptées t’apprendra à être flexible, 7 lieux d’accueil hebdomadaires, dont 4 dans une même journée, séparé de ton grand frère et de ta petite sœur»?
On annonce aux grands-parents qui avaient proposé de garder les enfants un après-midi (pour celles et ceux qui ont la chance d’en avoir à proximité et disponibles) «bonne nouvelle ça sera trois jours par semaine, vacances comprises»?
On répond aux personnes désireuses de venir s’installer à la Vallée de Joux, en y apportant de la richesse et de la diversité «bienvenue, mais sans vos enfants c’est mieux»?
On intègre avec le sourire, nous parents (pour ne pas parler des mamans uniquement, qui sont encore majoritairement les plus impactées lorsque l’offre de garde est insuffisante), la réponse «vous avez voulu avoir des enfants, dans une région si agréable et si prospère qu’il n’y a pas de solutions pour les garder? C’est votre choix et votre
problème après tout» et on se tait?
C’est tout?
Certes, il y a des avantages aussi pour ces familles si madame ou monsieur doit diminuer ou cesser son activité professionnelle. Des frais réduits, des subsides plus généreux, moins d’impôts à payer… Nous le savons, les places de garde ne sont pas des produits de grande rentabilité immédiate. Mais c’est tout un système qui est en péril, un équilibre, un choix de société. Nous pensons qu’il n’est plus temps de bricoler quelques places supplémentaires, mais de penser modernité et innovation, aussi dans ce domaine. Nos autorités communales ne sont pas toutes puissantes, ni celles et ceux qui se battent déjà, ici ou au canton, pour que les choses avancent. Alors cet appel va surtout à celles et ceux qui ne sont pas convaincu·e·s qu’il faut agir, et vite, de manière extraordinaire peut-être. Les familles, mais aussi les entreprises et les collectivités, ont besoin de places de garde en suffisance et de qualité, pour tous, et rapidement!
Orane Berney, Sébastien Berney,
Basile Bianchi, Elise Camelin,
Willem Daris, Emmanuel Dufour, Cédric Egli, Karelle Egli,
Marilya Ehrsam, Gilles Epiney,
Joana Ferreira, Ophélie Golay, Nadia Guerreiro, Alain Guinand, Mihaela Guinand, Fleur Hercher, Pauline Ischi, Héléonore Kohler, Randoald Kohler, Estelle Lépine, Charlotte Meylan, Luc Meylan,
Sylvain Meylan, Vincent Meylan, Joël Müller, Pascal Nicaud,
Martine Rachet, Caroline Resin,
Julia Rinaldi, Ricardo Saraiva,
Marie Schmittbühl, Vincent Schmittbühl,
Geneviève Spertini, Jeanne Trachsel, Delphine Viaccoz, Hugo Vieira