Cette affirmation péremptoire agace passablement les jeunes qui, très souvent, rejettent le propos sans chercher de quelque manière que ce soit à y trouver une once de compréhension. Jeunesse rebelle ? Non, pas vraiment… Simplement que les jeunes n’apprécient guère de toujours mettre en parallèle l’époque d’avant avec la leur, celle qu’ils vivent intensément au présent. Les personnes plus âgées sont pourtant tout à fait en droit de faire référence à leur jeunesse et d’établir des comparaisons. La raison, à l’évidence, est des deux côtés ! En conséquence, des nuances s’imposent…
Il faut certainement entendre et comprendre le désarroi de celles et ceux qui ont le sentiment de perdre leurs repères par rapport à l’évolution du monde, ce d’autant plus que notre époque présente un contexte sociétal incroyablement bouleversé en quelques décennies. Il y a vraiment de quoi y perdre son latin ou tout simplement ses certitudes, ne sachant plus trop où on va.
Et d’abord, que l’on soit jeune ou plus âgé, il siérait d’accepter que le monde évolue constamment et ne demeure pas figé sur les années de sa jeunesse. Cela étant, il y a aussi lieu de ne pas succomber aux amalgames, garder un sens critique, ne pas tout mettre dans le même panier, apprécier de cas en cas, en quelque sorte séparer le bon grain de l’ivraie… Et c’est vrai, il y a de quoi !!! Alors, et même si on peut l’entendre, le «c’était mieux avant» est une réduction peut-être un peu trop clivante, c’est probablement une réaction simplement épidermique à ce que l’on juge aberrant et inacceptable ; c’est une sentence qui ferme la discussion et occulte ce qui devrait être vu comme positif car, dans la constante mutation de notre société, les exemples de réels progrès, objectivement ne manquent pas ! Parmi d’autres, rappelons-en quelques-uns : la télévision couleur, des pas de géant dans la santé, meilleure sécurité des transports, possibilités de voyager, démocratisation des études, nombreuses et diverses applications du numérique (navigateurs Web, messagerie, streaming, services bancaires, navigation GPS, bureautique, traitement de texte, etc., etc.), communications et informations rapides et accessibles à l’échelle mondiale, accroissement des périodes de vacances, droits de la femme toujours mieux reconnus, dénonciation plus ouverte des abus sexuels et harcèlements scolaires, développement des énergies renouvelables, etc., etc.
Mais, reconnaissons-le aussi, tout n’est pas rose, les points noirs foisonnent, les aberrations sont innombrables… Ces revers de médaille sont généralement associés aux mêmes éléments de progrès, ceux-ci étant malheureusement trop souvent instrumentalisés avec excès et sans aucune pudeur, voire avec bêtise, par le genre humain, par exemple l’addiction permanente et omniprésente au smartphone ! Le défi est donc dans l’éducation, et ceci dès la petite enfance. Pour le moment, on semble assez loin d’avoir trouvé la clé, ce qui pourrait justifier de ne pas renoncer à stigmatiser des outrances pernicieuses et préjudiciables…
C’était mieux avant?
Peut-être… Pas forcément… On préférera : C’ÉTAIT DIFFÉRENT !!!
Michel Hangartner
Vallorbe