Claude Karlen est un passionné de l’histoire de notre région. On le cible mieux encore quand il nous parle du Poste des Mines où il a un pied-à-terre. C’est là-bas au cœur du Risoud tout en étant proche de la frontière, un lieu où l’histoire sait encore se montrer par la présence de cet ancien poste frontière que les gendarmes habitaient autrefois à l’année.

De fréquenter un tel site, plein de mystère et de poésie, aura donné à Claude Karlen l’envie d’en analyser le passé. Ce sera là sa première brochure. Un titre tout simple: Le Poste des Mines. Couverture verte, elle n’a que
26 pages. Tout n’est donc pas dit du passé de ce vénérable bâtiment, propriété de la commune de L’Abbaye de par des raisons purement administratives, car posséder un refuge et des forêts si loin de son propre territoire apparaît comme un non-sens absolu. Mais telle est l’histoire avec ses étranges particularités.
Le Risoud, le voilà le sujet préféré de Claude Karlen qui sans doute le connaît mieux que sa poche. Il en adore les légendes, il y fait des trouvailles, par exemple il découvre de mystérieuses inscriptions au fond de certaines laisines. Il nourrit sa documentation. Mais l’appétit vient en mangeant, et de cette manière il ne s’en tiendra plus qu’à un seul site, il en explorera d’autres, connus ou non, avec un nombre de fascicules, tous genres confondus, dépassant allègrement les vingt. La passion est là.
Du goût de l’histoire naît celui de l’écriture et de la littérature. Claude Karlen produit des romans. Il y aura en ce domaine L’homme perdu, une intrigue sur un fait réel qui a longtemps hanté les chaumières. On verra dans le même genre L’inconnu du Grand Hôtel et Fille de France, titre ici mystérieusement produit sous le label des Editions H. Dégé, autre compère combier dans le monde de la bonne édition régionale !
Claude Karlen introduit à son tour ses éditions dans cette lignée d’ouvrages consacrés aux passeurs. Jean-François Meylan, qui le fut à sa manière, a rédigé Les récits du dernier témoin. C’est un ouvrage exceptionnel de plus de 260 pages. De la grande édition.
On s’intéresse bien sûr à son propre village. Cela donne Le Sentier autrefois, à nouveau un pavé d’importance avec plus de 200 pages. Tirage de 200. On est donc là dans les grands chiffres pour cette petite maison d’édition qui se tournera aussi du côté du Sonderbund, des soldats suisses à la solde de Napoléon, de ces voyageurs d’autrefois, avec Henri Venel d’Orbe, et des Bourbakis.
Claude Karlen racontera aussi ses souvenirs d’enfance alors qu’il est fils de Jean, en son temps un fidèle de l’Annuelle des Amateurs d’Art et de Marcelle. Il éditera son frère Jean-Jacques qui raconte ses frasques adolescentes dans Chronique souriante
des années 40. Des textes magnifiques d’émotion et de nostalgie.
Les Editions du Rendez-vous ont cette particularité de n’offrir pour dire jamais deux ouvrages sous une même présentation. Cette variété est véritablement étonnante et donne beaucoup d’originalité à la collection.
Elles existent depuis près de vingt-cinq ans. Elles s’apprêtent à poursuivre dans le sens de témoigner toujours des temps qui ne sont plus mais dont la trace ne doit pas se perdre. Pourvu seulement que la découverte de quelque manuscrit du plus haut intérêt puisse amener notre éditeur à continuer à tracer son chemin dans le monde de l’édition où la rentabilité d’une entreprise est toujours problématique.
Merci à lui pour ce travail de moine-copiste où les heures que l’on passe en ses loisirs préférés, on ne les compte pas !
Juste un dernier mot. Nous étions là, les deux, l’autre jour, à parler d’édition. Claude Karlen m’avouait qu’il avait une belle liste de clients, mais que nombre de ceux-ci étaient malheureusement décédés. Je ne pus que lui rétorquer pour mon propre compte que je possédais aussi une belle et longue liste de clients d’histoire locale, mais que celle-ci s’était tellement rétrécie au fil des années qu’il ne me restait plus à l’heure qu’il est un seul client !
Et de sourire quant à ce métier d’éditeur où rien n’est facile, et où les bouillons, tout au moins pour le soussigné, sont plus nombreux que les réussites. En ce sens, où sont donc ces fameux best-sellers que l’on s’arrache ?
Ymer


Bibliographie des Editions du Rendez-vous :
– Jean-Jacques Karlen, Chronique souriante des années 40 ou quand j’étais petit garçon, 2004, 100 pages
– Claude Karlen, Le Poste des Mines, Notice explicative sur les étapes successives de ce lieu-dit au sommet du Risoud, de 1650 à nos jours, réédition de 2004, 28 pages
– Claude Karlen, L’Homme perdu, roman, 2005, 80 pages
– Jean-François Meylan, Les récits du dernier témoin, passages clandestins de Suisse en France occupée 1941-1945, 2008, 266 pages
– Claude Karlen, Fille de France, roman, 2011, Editions H. Dégé, 130 pages
– Claude Karlen, Le Sentier autrefois, 2012, 202 pages avec nombreuses illustrations
– Henri Venel, Voyage dans la Vallée du Lac de Joux, course champêtre et sentimentale, 1795, 2014, 48 pages
– Claude Karlen, Le Poste des Mines de 1650 à nos jours, 2014, 40 pages
– Pierre-Henri Audemars, Soldats suisses à la solde de Napoléon, Récit du capitaine Pierre-Henri Audemars des troupes vaudoises, 1799, 2012, 36 pages
– J.-Henri Meylan, caporal de chasseurs du 8ème bataillon d’élite vaudois, Campagne du Sonderbund, la capitulation de Fribourg, 2014, 96 pages
– J.-C. Capt du Solliat et Auguste Bachelin, février 1871, L’entrée de l’armée de l’Est en Suisse, 2015,
68 pages
– Claude Karlen, L’inconnu du Grand Hôtel, roman, 2015, 122 pages
– Claude Karlen, Mystérieuses inscriptions, des traces du passé, 206, 26 pages
– Claude Karlen, Souviens-toi, aide-mémoire 1941-1945, 2016,
20 pages
– Claude Karlen, Quelques lieux-dits, histoire régionale, 2016, 22 pages
– Claude Karlen, Arthur Karlen, aquarelles & dessins, 2017, 40 pages
– Divers , Retour vers la liberté, récits : la fin d’un camp – rapatriement des déportés français de Franche-Comté, 2017, 30 pages
– Collège des Cytises, Un peu d’histoire… La Vallée de Joux, 2018, 12 pages
– Claude Karlen, Souvenirs d’enfance, 2018, 50 pages
– Claude Karlen, Carnet de route, textes et dessins, 2020, 36 pages
– Elisa Meylan – Claude Karlen, Ceux venus d’ailleurs. Portraits, 2020, 208 pages
– Claude Karlen, Sur le parvis…, roman, 2021, 132 pages
– Claude Karlen, Témoignages de reconnaissance, juin 1940, récits, 2022, 32 pages
– Emile Golay dit Milon, Journées historiques, 2024, 90 pages