Pour les 3 communes: Une verrée pleine d’enseignements et de renseignements à L’Abbaye
Un soleil radieux, une température enfin estivale, une prairie rasée de frais, des effluves boisés et fleuris, un lac scintillant de mille feux. Idyllique. L’Association pour les 3 communes ne pouvait pas choisir meilleur endroit, le couvert de la plage de L’Abbaye, pour sa première verrée/apéritif mercredi 17 juillet (de 17h30 à 19h30). Une réunion ouverte à toutes et tous, aux anti comme aux pro-fusion (il y en a deux ou trois dans l’assemblée), qui avait pour but de permettre à quiconque de se faire une opinion sur le réel impact de la fusion de communes (peut-on dire absorption, voire phagocytage? On peut). Tant il et vrai que les trois débats organisés jusqu’ici n’ont eu pour seul et unique objectif de ne présenter que les avantages d’une telle union. Quasiment l’arche de l’alliance, un fabuleux coffre à trésors dans lequel il n’y aurait que des bijoux. Mais aussi des bijoux empoisonnés…
Dans une ambiance de pique-nique canadien, à l’ombre de la superbe charpente de l’abri, la soixantaine de participants – la plupart de L’Abbaye, des Bioux et du Pont, ceux du Chenit se comptant sur les doigts d’une main – discutent le bout de gras, s’échangent leur avis en toute cordialité… et savourent le verre de l’amitié. En tendant l’oreille, on s’aperçoit bien vite que la grande majorité de l’assistance est contre la fusion. Quelques indécis essaient de grappiller, par-ci par-là, des informations à même de les décider dans le choix de leur camp. Et quelques favorables pour tenter de contrer (en toute amitié) les arguments des neinsager.
Pour répondre aux multiples questions que ce petit monde se pose, le maître de séance et président de l’association, Henrique Dias Mendes, y va d’un laïus précis, informatif et instructif. «Je ne suis pas contre la fusion, je suis contre CETTE fusion», déclare-t-il d’entrée. Une petite phrase presque anodine mais qui, à elle seule, résume l’action de l’Association pour les
3 communes. L’orateur poursuit son intervention par un plaidoyer riche d’enseignements, de renseignements propices à une subtile compréhension des arguments qui appuient le maintien des trois communes. Parmi les thèmes abordés, relevons:
• Histoire et traditions
Chaque commune possède une histoire, des coutumes et des traditions uniques. La fusion risque de diluer cette diversité culturelle dans une nouvelle entité plus grande.
• Perte d’identité
Ce grand chamboulement va conduire à une perte d’identité certaine. Les communes d’origines passeront aux oubliettes. La Vallée de Joux est une région géographique, politiquement un sous-arrondissement. En tout cas pas une commune d’origine.
• Mémoire collective
Les récits et événements historiques spécifiques à chaque commune peuvent être oubliés ou négligés, affaiblissant la mémoire collective locale.
• Démocratie de proximité
La fusion peut affaiblir la démocratie directe locale, un pilier fondamental de la démocratie suisse, en éloignant les citoyens de leurs représentants.
• Voix des petites communes
Les décisions municipales pourraient être moins représentatives des intérêts locaux spécifiques, diminuant le sentiment de participation et d’inclusion des petites communes
• Répartition des élus
Actuellement, les citoyens connaissent bien leurs élus locaux, ce qui renforce la proximité et la réactivité des autorités. La fusion pourrait créer une distance entre les citoyens et leurs nouveaux représentants.
Dans le cas d’une fusion et la création d’une nouvelle commune, la première législature (2027-2031), les anciennes communes passeraient sous le statut de cercles électoraux (ou sous-arrondissements) Les élections des neufs municipaux auraient lieu au sein de ces cercles (ex-communes) qui se répartiraient en nombre selon la population permanente: 3 pour L’Abbaye (1534 habitants), 4 pour Le Chenit (4603), et 2 pour Le Lieu (806). En pourcents, le cercle du Chenit sort grand vainqueur avec 1% de municipaux, alors que Le Lieu n’affiche que 0,25% et L’Abbaye 0,2% d’élus.
Les 70 conseillers communaux, quant à eux, seront élus selon des proportions suivantes: 15 pour L’Abbaye (1% de la population), 46 pour le Chenit (1%) et 9 pour Le Lieu (1,15%). Si les pourcentages sont assez similaires, les nombres absolus, quant à eux, soulignent la force de la peut-être ex-commune du Chenit par rapport aux deux autres. Actuellement, seule la commune du Chenit est politiquement partisane (UDI (droite multipartite), Alliance Roses-Verts (gauche) et Force 3. En cas de fusion, les Conseils communaux (L’Abbaye et Le Lieu) disparaîtront et les futurs candidats aux élections communales (tant au législatif qu’à l’exécutif) devront afficher une couleur politique pour être inscrit sur une liste. Une contrainte qui ne va certainement pas plaire à tout le monde.
Ont encore été abordés lors de ce «meeting» des sujets allant de la fiscalité (points d’imposition) à la perte inéluctable des fractions de communes, en passant par les armoiries. Ah! ces armoiries… Vivement débattues après la «partie officielle», elles indignent, répugnent, sont moquées et refusées, provoquent même un vent de révolte (pétition).
Petit à petit, le couvert se désemplit. Le soleil est toujours radieux, la température toujours estivale et le lac scintille encore de mille feux. Les verres et les bouteilles sont vides autant que les bols d’amuse-gueules. Mais les têtes sont pleines d’informations. Un joli succès pour une association qui a tout juste un mois d’existence.
Jean-François Aubert
Prochaines verrées :
Mercredi 21 août 2024, de 17h30 à 19h30, au couvert du Revers, Le Lieu
Jeudi 12 septembre 2024, de 17h30 à 19h30, au Jardin du Temps (à côté de la nouvelle AP), Le Brassus
Site internet de l’Association pour les 3 communes:
www.pourles3communes.ch