Cher Monsieur,
Permettez que je vous adresse ces quelques lignes à propos de votre prise de position en lien avec l’objet cité en titre.
Vous avez 92 ans, vous êtes au crépuscule de votre vie et pourtant vous êtes favorable à la fusion de nos trois communes. On aurait pu penser, à votre âge, que votre esprit serait marqué par l’immobilisme, le refus du changement et la nostalgie du temps passé. Pourtant, vous m’aviez dit être sensible à l’avenir des jeunes générations. Tel un patriarche, c’est à vos petits-enfants que vous faisiez allusion. Et vous n’êtes pas le seul : des aînés partagent votre opinion.
La Vallée de Joux, vous l’aimez, vous l’avez même écrit, à tel point qu’elle est à vos yeux la plus belle vallée du monde ! Cela pourrait passer pour un cri du cœur mais vous êtes un homme de raison et de réflexion, très ancré dans votre village dont vous connaissez parfaitement l’histoire et la géographie, un pied dans votre jardin, l’autre dans votre petit chalet des hauts de la commune. Reconnaissante, cette dernière vous avait désigné citoyen d’honneur. Vous avez également l’esprit d’entreprise et gardez encore des liens avec votre clientèle de Genève. Au bout du Léman, c’est le savoir-faire horloger de la Vallée de Joux que vous mettez en exergue, non celui d’une commune. Vous avez compris que notre région Vallée ne pesant que le 1% de la population vaudoise même si sa contribution au PIB cantonal est notable doit être unie pour être entendue et faire valoir son originalité. Le temps où les relations Etat-Communes pouvaient faire appel au bon sens commun, c’est-à-dire à la vaudoise et en finissant au carnotzet, est révolu, que cela plaise ou non. Les dossiers sont de plus en plus complexes et c’est d’une seule voix qu’il faut parler à Lausanne. Et ce n’est pas le nombre de syndics qui est déterminant mais un argumentaire solide et la force de la conviction. J’en avais fait professionnellement maintes fois l’expérience. On constate que de nombreuses fusions ont eu lieu dans le Canton, la dernière en 2022 réunissant les 12000 habitants de Blonay – Saint-Légier. Certes, ni le lait, ni le miel n’ont coulé sur les hauts de la Riviera mais les citoyens, j’en connais quelques-uns, n’ont pas vécu l’Apocalypse, n’en déplaise à quelques âmes racornies qui se sont chez nous exprimées. Tout en donc rentré dans l’ordre, paisiblement comme il sied dans le Pays de Vaud : les fureurs et les rancœurs éphémères se sont tues et les élus se sont mis à la tâche pour la mise en œuvre de la convention de fusion. Il n’y a donc pas eu de révolution mais une évolution.
Avec mes cordiales salutations,
Jean-Yves Grognuz