L’école de musique de la Vallée de Joux (EMVJ) prépare un grand projet pour son 50e anniversaire : Abracada-Trac, un spectacle entièrement composé, écrit, et mis en scène pour ses élèves.
Nous vous avons présenté Marie-France-Baechler, librettiste et David Cusin, co-directeur la semaine dernière.
C’est au tour de Joséphine Maillefer, compositrice (et habitante de la Vallée de Joux) et de Julie Burnier, metteuse en scène, de se livrer !
Quel a été votre processus de création ?
Joséphine Maillefer : Pour écrire la musique d’Abracadatrac, j’ai d’abord pris connaissance du contexte : j’ai lu le texte, sélectionné avec l’auteure et la metteuse en scène les moments lors desquels il y aurait de la musique, rencontré chaque professeur et écouté leurs désirs. J’ai ensuite imaginé un plan musical du spectacle :
15 pièces qui suivent l’histoire tout en constituant également un concert. Pour une variété de couleurs, les styles musicaux et les instruments s’alternent. On passe ainsi de la musique classique au jazz, en passant par la pop, l’électro et la musique expérimentale.
Une fois les idées structurées, j’ai commencé l’écriture des pièces. J’ai souhaité écrire une musique qui soit à la fois plaisante à jouer et à écouter. Les notes sont spécialement adaptées pour chaque élève que j’ai découvert à travers les yeux de ses professeurs.
Avec Julie, la metteuse en scène, nous nous sommes rencontrées plusieurs fois pendant la phase d’écriture. Nous avons échangé nos idées qui se sont nourries mutuellement et en ont créé de nouvelles. Ce seront les pièces dans lesquelles la musique et la mise en scène sont étroitement liées qui donneront le plus de frissons…
Julie Burnier : J’ai d’abord découvert le texte de Marie-France Baechler avec tous ces lieux culte de la Vallée de Joux. J’ai commencé à cogiter : comment vais-je pouvoir raconter ce voyage magique dans ces différents lieux avec autant de monde sur scène ? Ensuite, j’ai eu le plaisir de découvrir la musique de Joséphine, c’était primordial pour moi que la scène soit liée à la musique. Il fallait donc tisser des liens entre les textes, la musique et les personnages. Je souhaitais également que les musiciens réalisent que leur instrument représente souvent un personnage ou un animal de la forêt.
Quelle est la plus grande difficulté dans ce projet ?
J.M : Les premières notes sont souvent celles qui me prennent le plus de temps à écrire. Je vois la montagne de travail qui m’attend, je commence à douter de mes compétences, je me mets la pression et je n’arrive pas à débuter le travail. Avec l’expérience, j’ai appris à intégrer cette phase dans mon travail. Je sais qu’elle va venir et je l’accepte tout en sachant qu’elle va passer. Et elle passe !
J’ai également appris à désacraliser ces premières notes. J’écris quelque chose, sans me mettre la pression, et si plus tard ça ne me semble pas bon, je jette et j’écris quelque chose de mieux. Rien de grave !
J.B. : La plus grande difficulté est d’imaginer comment faire circuler les musiciens… et surtout leurs instruments, parfois fragiles, sur scène ! Je dois prévoir une sorte de « partition des déplacements » et tous les acteurs et musiciennes devront la jouer comme leur propre partition!
Quel est votre plus grand plaisir dans ce projet ?
J.M : Je prends un délicieux plaisir à détourner des objets de leur usage pour en faire des instruments. C’est un gros boulot de les collecter, les tester, les rendre pratiques et parfois les bidouiller encore pour qu’ils ne sonnent ni trop doux, ni trop fort avec les autres… Mais une fois qu’ils fonctionnent bien, ces objets apportent une saveur unique et ludique.
À vous de retrouver dans le spectacle quelques touches combières: une boîte à vacherin, des escargots de La Vallée, des bouteilles et un fût de gentiane ainsi qu’une cloche de vache.
J.B : c’est un énorme plaisir de travailler avec de magnifiques personnes rencontrées dans ce projet, ce qui est très porteur. J’ai aussi le bonheur de travailler avec ma super équipe de théâtre. Ces jeunes sont créatifs, enthousiastes, engagés, pleins d’idées. Toute l’équipe est à fond, a du plaisir : c’est un cadeau pour moi !
Votre coup de cœur ?
J.M : Ma musique préférée est celle de la Croix de Châtel. Dans cette pièce un peu expérimentale, les musicien·ne·s jouent avec quelques notes et surtout avec quelques consignes. La partition est techniquement simple et peut être jouée par les plus jeunes. Pour que la pièce sonne bien, il s’agit de NE PAS jouer ensemble !
Le fait qu’elle soit accessible à tous·tes et que chaque interprétation soit unique me plaît beaucoup. Et vous pourrez le voir par vous-même: le résultat est magique!
Et nous voici déjà au Jour J-15 !
A la semaine prochaine pour la présentation de quelques artistes que nous retrouverons sur scène !
Ecole de Musique de la Vallée de Joux