Ce billet s’adresse plus particulièrement à celles et ceux qui, aujourd’hui, prennent encore le temps de lire un livre du début à la fin. Lectrices, lecteurs, vous devenez bientôt une espèce rare tant les nouvelles générations sont obnubilées et accaparées par les moyens numériques de communication dans leur ensemble…
Heureusement, et c’est presque un paradoxe, la création littéraire, elle, ne faiblit pas. Dans cette production incessante, pléthorique même, bien des œuvres insignifiantes, c’est vrai, mais encore beaucoup d’auteurs qui ont du talent et se démarquent par leur style, leurs idées, leurs thèmes, etc.
Mon choix se porte présentement sur un auteur contemporain anglophone qui, il y a plus de trente ans, avait défrayé la chronique en ayant écrit les « Versets sataniques », livre qui lui a valu une fatwa de mort de l’ayatollah Khomeyni et conséquemment du monde musulman. En dépit, à l’époque, des excuses et des nombreuses explications de Salman Rushdie, la fatwa a été maintenue : quiconque croiserait cet auteur sur sa route devait l’envoyer en enfer ! Rushdie n’a eu alors d’autre échappatoire que d’entrer dans la clandestinité en émigrant aux USA. Plusieurs tentatives d’assassinat ont été déjouées et c’est finalement le 12 août 2022 que le destin tragique a failli s’accomplir. Très grièvement blessé par une dizaine de coups de couteau de la part d’un jeune homme de 24 ans, Rushdie s’en est sorti miraculeusement. Il est bien évident qu’un tel drame laisse des traces profondes, physiques (entre autres, la perte d’un œil) et psychiques. Une fois plus ou moins remis, après une longue période d’hospitalisation et de réadaptation, Rushdie a tenu à faire part de son ressenti dans un livre paru récemment en version française : « Le couteau : réflexions suite à une tentative d’assassinat ».
Le livre de S. Rushdie est intéressant, un brin narcissique peut-être, mais passionnant et à portée de tout un chacun car écrit dans un style simple et très communicatif. C’est le témoignage d’un homme qui, par des réflexions allant au-delà de la terrible expérience vécue, dévoile les innombrables ressources de l’âme humaine. Positif et revigorant !
En conclusion de son livre, Rushdie s’adresse ainsi à son agresseur : «Pendant les dizaines d’années qui s’étendent devant vous, vous allez peut-être découvrir l’introspection et finir par comprendre que vous avez fait quelque chose de mal. Mais vous savez quoi ? Cela m’est égal… »
Michel Hangartner
Vallorbe