L’opération spéciale de Monsieur Poutine, on le sait, était de renverser et remplacer le président et le gouvernement de l’Ukraine pour mettre à la place de ces vulgaires « nazillons » pro-occidentaux un gouvernement fantoche totalement à sa botte. Si l’affaire avait abouti en 72 heures comme il l’avait envisagé, l’autocrate président aurait alors récupéré l’Ukraine en douceur, bel euphémisme… Le conflit se serait sans doute arrêté là. Mais tout a foiré, l’incroyable résistance ukrainienne (ou la très mauvaise planification russe) a totalement pris de cours les visions mégalomanes et fantasques du tsar moscovite. Et Poutine de ronger son frein et bouillir de rage en réalisant que l’Occident ne semble pas vouloir abandonner l’Ukraine démocratique.
Mis au ban de la société par les Occidentaux, le président russe s’est alors efforcé de chercher des soutiens. Il en a trouvé assez facilement, et pas des moindres… Le bloc ainsi constitué de la Russie avec la Chine, la Corée du Nord et l’Iran est sans nul doute un contre-poids plutôt inquiétant à celui des USA, du Canada et de l’Europe occidentale. Poutine jubile, il n’est plus seul ; et même qu’au sein de l’Union européenne le ver est dans la pomme avec la Turquie et la Hongrie, deux pays qui ont du mal à cacher leur sympathie pour le régime russe ! Il s’agit donc bien d’une opposition sur des visions de société : d’un côté des régimes forts et autoritaires, autocratiques, voire dictatoriaux ; de l’autre des Etats qui prônent la reconnaissance de la personne humaine, les droits du peuple, l’indépendance des esprits et de l’expression, le tout étant bien sûr régi par des lois votées par le peuple ou plus généralement ses représentants, eux aussi élus par le peuple.
Dans le contexte de l’agression russe contre l’Ukraine, nous pouvons être fiers de notre pays qui a osé s’affranchir d’une neutralité totale et stricte pour montrer, certes avec des réserves, mais tout de même sans lâcheté, qu’une attaque aussi brutale contre une démocratie en Europe, au total mépris du droit international, ne pouvait pas nous laisser indifférents. Qu’on le veuille ou non, nous sommes concernés et nous devons solidairement défendre la démocratie sur notre continent, une entorse occasionnelle à la sacro-sainte neutralité n’est alors ici qu’un moindre mal, n’en déplaise aux partisans d’une neutralité absolue, sans concession, à la Blocher, rigide et égoïste.
Michel Hangartner
Vallorbe