Vous l’aurez sans doute deviné, c’est de Nicolas Rochat Sanchez dont je vais vous parler à la veille des élections au parlement fédéral. Dans chaque école, des élèves marquent les mémoires par leurs talents ou leur caractère. Nicolas Rochat Sanchez en fit partie. J’utiliserai le tu, un vous m’apparaîtrait comme inopportun. Ce qui te différenciait de tes camarades, c’est l’attrait que tu manifestas très jeune pour la politique. Tu devais avoir quatorze ou quinze ans lorsque tu t’attelas à un travail ayant pour thème L’URSS et les pays de l’Est. Sujet ardu que tu illustras par un style convaincant et lyrique comme le font les adolescents. «Si jeune et déjà tombé dans la marmite du politique; élève à suivre» aurais-je pu noter au bas de ta copie.
Lors de tes études à la Faculté de droit, je me souviens de discussions parfois enflammées, bondissantes d’un sujet à un autre. Volontiers provocateur, je testais ta capacité à convaincre, la rectitude de ta pensée, ton sens du bien commun. Aimais-tu ces joutes? Tu t’y prêtais de bonne grâce en argumentant avec calme. Tu m’avais dit être intéressé par le Proche-Orient et hésitais quant à la destination. Il fallait choisir une porte d’entrée et je te conseillai le Liban. Tu en revins enrichi après avoir rencontré notre Ambassadrice, un jeune député druze promis à un avenir politique certain et des membres d’organisations non gouvernementales. Tu disposais tout à la fois d’ouverture d’esprit et de capacité d’analyse pour comprendre ce petit pays d’une rare complexité. Ces qualités te seront un atout indéniable en cas d’élection au Conseil national.
Conseiller communal à l’âge de
18 ans, entré sept ans plus tard au Grand Conseil où tu occupas par la suite le poste en vue (et souvent périlleux) de chef de groupe de ton parti, ces années t’ont permis de te confronter aux arcanes de la politique vaudoise. Tu as été un député écouté défendant fermement tes positions tout en acceptant des solutions de compromis. Ce n’est pas toujours spectaculaire mais c’est ainsi que la politique se fait chez nous; tu es suffisamment expérimenté pour en connaître les codes et cet apprentissage te sera utile à Berne.
Ton expérience de juriste acquise dans un syndicat sera également un atout. Tu as mis la main dans le cambouis de dossiers complexes; tu crois en la paix du travail marquée par des accords entre organisations patronales et syndicales, ce modèle éprouvé que l’on trouve dans les pays du Nord de l’Europe. Je sais que tu fus particulièrement attentif au respect des dispositions du code du travail (je pense par exemple aux licenciements abusifs comme si des employés âgés de cinquante ans n’étaient assimilables qu’à des cleanex). Ce n’est pas faire preuve de crypto-marxisme attardé de penser que les «petits», oui, les «petits, les sans-grade», doivent être défendus face aux abus à moins de prétendre dans un discours parfaitement assumé que la loi du plus fort doit impérativement s’imposer dans les rapports humains.
Notre parlement doit représenter toutes les composantes linguistiques et politiques de notre pays. C’est ce qui en fait la force et le Nord vaudois a besoin de représentants. Nul doute que tu en seras un conseiller écouté en plénum ou lors de travaux en commissions.
Ton ancien directeur d’école,
Jean-Yves Grognuz
PS: Pardonne-moi si, une fois élu, il devait m’arriver de te faire parvenir un message critique quant aux options prises par ton parti! Ma porte te sera toujours ouverte pour en débattre avec en fond musical un thème de Chick Corea, ce pianiste de jazz que nous affectionnons.