Contexte:
Le site Toile verte «Gravière du Brassus» présente deux types de milieux. Le premier est un talus, exposé au sud, vestige d’une ancienne gravière. Les roches affleurantes rendent ce milieu pionnier favorable aux reptiles et aux orchidées. Le second milieu se situe au nord du talus. Il est composé d’une prairie dans laquelle un grand nombre d’espèces d’insectes et de plantes peuvent être rencontrées.
Propriétaire: Commune du Chenit
Commune territoriale: Le Chenit
Premiers travaux avec le Parc Jura vaudois: 2017
Signature de la convention avec le Parc Jura vaudois: 2017
Suivis écologiques: 2019
Suivi cartographique des milieux naturels: 2017
Espèces caractéristiques: orchidées, papillons
Historique du site:
2009 et 2013: débroussaillage et mise en lumière du talus par le service forestier de la commune du Chenit.
2017: intervention dans le Talus lors d’un chantier d’éco-volontariat organisé par le Parc Jura vaudois, en collaboration avec le service forestier. Travaux entrepris: abattage et débroussaillage des résineux/et feuillus sur le talus, en prenant garde de bien conserver la zone humide; création de tas de branches avec les déchets de coupe (Figure 2).
2017, 2018, 2019: interventions dans la prairie: fauche de la prairie en fin d’été, avec préservation de 10-20% de la surface non fauchée lors de chaque intervention (Figure 1).

Résultats des différents suivis:
Suivi des espèces cibles: en 2019, un suivi de certains groupes d’insectes caractéristiques et de la végétation a été effectué. Les résultats de cette étude sont très satisfaisants. En effet, environ 80 espèces végétales ont été rencontrées (Ci-contre, Crepis mollis, plante sur liste rouge et espèce typique de l’arc jurassien), ce qui montre une bonne diversité. Une trentaine d‘espèces de papillons ont été observées lors des sessions d’échantillonnage. Parmi elles, quatre espèces présentes sur la Liste rouge des Papillons diurnes et Zygènes de Suisse. De plus, 14 espèces d’orthoptères (sauterelles, grillons et criquets) ont été recensées dans la gravière, dont le Tétrix forestier (Tetrix undulata) qui n’avait pas été vu à la Vallée de Joux depuis 1999. Il est également intéressant de noter la présence de deux coléoptères remarquables dont l’un d’eux n’a jamais été signalé à la Vallée de Joux (Ci-contre, Lamprodila decipiens).
Cartographie de la végétation: en 2017, une cartographie des milieux naturels a été effectuée. Plusieurs milieux intéressants pour la biodiversité ont été relevés, notamment des milieux séchards. Ces milieux sont très importants car ils accueillent, grâce à leur caractère pionnier, une grande diversité floristique qui attirent de nombreux insectes.
Recommandations pour la suite:
Au nord de la gravière, la prairie est actuellement fauchée une fois par année et les déchets sont exportés afin de ne pas engraisser le milieu. La diversité floristique actuelle est bonne et présente un fort potentiel pour se renforcer. En augmentant le rythme de fauche de la prairie, la croissance des graminées sera ralentie, ce qui permettra aux plantes à fleurs de croître en étant moins concurrencées et donc de mieux se développer. A terme, la prairie contiendra donc plus de plantes à fleurs, ce qui est très bénéfique pour les insectes et la
biodiversité en général.
Proposition de régime de fauche1: effectuer une première fauche entre mi-juin et mi-juillet. Afin d’avoir un indicateur qui démontre que les plantes ont effectué leur premier cycle de floraison et que la prairie peut être entretenue, il est conseillé d’observer si les marguerites ont produit leurs graines. La seconde fauche doit impérativement être faite au minimum 8 semaines après la première intervention, c’est-à-dire dès la mi-août et peut être effectuée jusqu’à début octobre. Pour cette seconde fauche, il est possible d’observer la floraison des centaurées, qui donnent un bon indice de la maturation de la prairie.
Il est important de laisser une partie non fauchée lors de chaque entretien (environ 10% de la surface) et de changer cet emplacement lors de chaque intervention. Cela permet aux insectes et à la petite faune de se réfugier pendant les interventions. L’efficacité de ce mode d’entretien pourra être analysée et réadaptée dans quelques années en réitérant un suivi botanique qui permettra de comparer la diversité des espèces et surtout l’abondance des plantes à fleurs.
1 Humbert J.-Y., Bury P., Unternahrer D., Arlettaz R.., Des régimes de fauche alternatifs pour favoriser la biodiversité des prairies, Université de Berne, Agroscope, Station ornithologique suisse, 9p.
Parc Jura Vaudois