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Quand les agences de placement goûtent elles-mêmes au chômage partiel

Bien implantées à La Vallée, les agences de placement sentent directement les perturbations du marché de l’emploi, où la situation varie considérablement d’une branche à l’autre.

Bien implantées à La Vallée, les agences de placement sentent directement les perturbations du marché de l’emploi, où la situation varie considérablement d’une branche à l’autre. Si le bâtiment se maintient, l’horlogerie, elle, n’embauche plus que les futurs apprentis.

Les agences de placement étaient en première ligne pour ressentir les impacts du Grand confinement sur le marché de l’emploi. Pas besoin d’attendre le troisième trimestre pour mesurer les effets sur l’ensemble du marché: les répercussions sont déjà là chez certains de leurs clients, en particulier les intérimaires qu’ils ont placés et dont le contrat s’est terminé en mars ou en avril dernier. Dans le secteur de l’horlogerie, les temporaires ont été les premiers dont les grandes manufactures se sont séparées et celles-ci n’engageront plus jusqu’à la rentrée de fin d’été – sauf leurs futurs apprentis; c’est la période qui le veut.

L’HORLOGERIE A TOUT GELÉ, LE BÂTIMENT VA MIEUX

«Le placement temporaire est normalement influencé par les pics de production et par l’absentéisme, ce qui fait qu’actuellement, les demandes sont très calmes dans le secteur de l’horlogerie», résume Carlos Magalhaes de chez Interima. «On sent bien que l’activité tarde à redémarrer, avec des horaires réduits, du chômage partiel et un système de roulement», confirme Damien Bouillet, responsable chez BM Emploi au Brassus. «Le second œuvre, dans le secteur bâtiment, voilà où l’on note une évolution favorable, mais dans l’horlogerie, le redémarrage est très prudent… et tous les autres domaines d’activité en dépendent.»

Le placement fixe dont s’occupent également ces spécialistes est aussi plombé par le fait que les entreprises font attention à la gestion de leurs dépenses. «Mais nous continuons toutefois à recevoir quelques mandats de placement fixe (CDD ou CDI) et à être régulièrement sollicités par les entreprises du bâtiment», commente Carlos Magalhaes.

DES PROCESSUS D’EMBAUCHE 100% EN LIGNE.

A noter que les agences de placement elles-mêmes ont dû gérer le frein à leur propre activité, fermer leurs bureaux et s’adapter à cette donne – que personne n’avait vu venir: en effet, jusqu’à mi-mars, le nombre d’offres d’emplois avait augmenté de 4% sur un an (à l’échelle suisse). Les processus d’embauche à distance (plus de rendez-vous physique) et en ligne, notamment avec des CV en vidéo, où le postulant se présente face caméra, étaient déjà en train de prendre de l’ampleur; voilà que le Grand confinement a donné un petit coup de fouet à cette nouveauté. «Le chômage partiel est aussi ouvert à nous autres, agences de placement. Nous avons travaillé en visio, avec des horaires réduits», explique Damien Bouillet. Bonne nouvelle selon le responsable d’agence: «Lors des précédentes crises, les travailleurs temporaires ne pouvaient pas bénéficier de mesures telles que le chômage partiel. Cette année, ils ont pu.»

POSITIVER MALGRÉ LA DISTANCIATION SOCIALE

Depuis le déconfinement, le 11 mai, les agences combières ont rouvert, mais uniquement sur rendez-vous, un client à la fois et avec les mesures sanitaires usuelles. Télétravail et relations aseptisées au gel hydroalcoolique ne donnent toutefois que partiellement satisfaction dans un secteur aussi social que peut être celui des ressources humaines: «Ces barrières sont frustrantes dans un métier de relations humaines», résume Damien Bouillet, lequel déplore particulièrement l’annulation de toutes les compétitions interentreprises, prisées des Combiers et de nombreux frontaliers. Et l’avenir? Carlos Magalhaes se veut lucide. Pour lui, les mois perdus ne seront pas rattrapés. Le responsable d’Interima au Sentier espère un vrai redémarrage l’an prochain. «Il faut que les gens soient rassurés, positiver, trouver des solutions, même si cela va prendre du temps et que les choses ne seront jamais plus comme avant», opine lui aussi Damien Bouillet.