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Le nouveau Musée Atelier Audemars Piguet

Tradition et innovation, ce leitmotiv presque usé, à force, s’est une nouvelle fois illustré et de manière bluffante, dans le Musée Atelier de la manufacture du Brassus

Tradition et innovation, ce leitmotiv presque usé, à force, s’est une nouvelle fois illustré et de manière bluffante, dans le Musée Atelier de la manufacture du Brassus; un double espace qui en offre autant au spécialiste qu’au néophyte et vient donner de l’ampleur à l’offre muséale horlogère combière.

«On n’a absolument rien fait simple- ment dans ce musée.» La fierté de Sébastian Vivas, Directeur du Musée et du Patrimoine d’Audemars Piguet, s’exprime légitimement. Sept ans de travail ont été nécessaires pour réaliser ce Musée Atelier unique au monde par plusieurs aspects. En effet, la liste est longue des trouvailles qui le caractérisent. A commencer par l’architecture de la Spirale, ce bâtiment circulaire, de 900m2, signé Bjarke Ingels Group, avec planchers en paliers descendants, dont on se dit que la visite sera brève. Finalement, elle nous prend l’heure et demie avec son parcours tournant en escargot et ses presque trois cents pièces couvrant plus de deux siècles. Les murs sont en verre porteur jusqu’à douze centimètres d’épais (7 couches de verre) et permettent d’embrasser du regard toute la Spirale et la nature inspiratrice en arrière-plan. Saisissant.

Quantité de trouvailles

Parmi les autres trouvailles, le banc du couloir d’entrée qui s’élève graduellement pour devenir le bar de la Salle continue des Fondateurs, depuis laquelle on peut admirer en contrebas,

à travers une baie vitrée, la façade de la Maison des fondateurs. Ou le puits dans l’entrée de la dite maison, qu’on cambe grâce à une plaque de verre – la disponibilité d’eau a été à la base de l’établissement des fondateurs sur cet emplacement. Et que dire des boi- series anciennes récupérées dans des fermes combières et des lames de plan- cher volontairement disparates pour rendre son âme au vénérable bâtiment où Jules-Louis Audemars et Edward- Auguste Piguet ont commencé en 1875?

Imbrication du muséal et de la production

Le Musée Atelier d’Audemars Piguet est intégré à un ensemble qui comprend le siège social de l’entreprise et jouxte le futur Hôtel des Horlogers. Lui-même combine deux univers distincts: la Maison des Fondateurs, au n°18 de la route de France, restaurée pour l’occasion et la Spirale, où se trouve une majeure partie de l’exposition. Le musée doit son nom au fait que les horlogers sont au cœur de la visite – ceux des Grandes Complications et Métiers d’Art dans la Spirale et bien sûr l’atelier de restauration au der- nier étage de la Maison des Fondateurs.

Le concept d’imbrication du muséal dans la production a toutefois ses limites. Pas question, en effet, de perturber ces artisans du temps; ils ne font pas de la démonstration, ils travaillent. «L’atelier de restauration ne pourra pas gérer la visite de six groupes par jour, appuie Sébastian Vivas. Et c’est surtout les clients qui auront du plaisir à venir voir leurs pièces en train d’être manu- facturées.» N’empêche, il fallait oser. C’est là une marque de fabrique de l’ère Bennahmias, laquelle doit encore produire un hôtel et une fabrique entièrement reconstruite et rebaptisée Campus, aux Forges.

Tarif préférentiel pour les Combiers

Il faudra un guide pour apprécier et comprendre cette visite, les pièces ex- posées, leur évolution dans le temps, tant technique qu’artistique. La visite guidée, payante et sur réservation, deux fois par jour sera en effet le for- mat de fonctionnement de la nouvelle structure.

Le Musée Atelier d’Audemars Piguet, qui fait l’impasse totale sur les multi-médias, peut cependant accueillir des classes, le musée s’y prête. Mais ces activités ne seront pas proposées à l’ouverture. Dans un deuxième temps peut-être, indique Sébastian Vivas. Le conservateur précise que la publicité a surtout été faite en direction de l’international et que les premières visites, dès ce week-end, affichent déjà toutes complet. Un tarif préférentiel est disponible pour les habitants de la Vallée de Joux, utile dans la perspective d’un été où les Suisses tendront à visiter leur propre pays.

Nous avons aimé

  • la série de mécaniques pédagogiques de grande taille permettant d’expliquer aux néophytes ce qu’est un mouvement horloger à partir du tout début: transmettre de l’énergie de manière durable et maîtrisée à un résonateur, jusqu’aux chronographes à rattrapante avec leur deuxième aiguille des secondes permettant de mesurer des temps intermédiaires.
  • l’équilibre entre production locale et évolution de la culture horlogère au sens large. S’il n’y avait que la première, l’on ne toucherait pas à l’universel; et s’il n’y avait que la seconde, un tel musée pourrait être installé n’importe où. Comme un signe, l’exposition de la Spirale commence avec les montres chefs-d’œuvre d’apprentissage des deux fondateurs de la firme, Louis-Audemars Piguet et Edward-Auguste Piguet, par lesquelles ils sont entrés dans le registre des horlogers et elle se termine sur la grande «Universelle», présentée à l’Expo universelle de Paris il y a cent ans, ses plus de mille rouages et ses vingt fonctions; Il a fallu aux horlogers d’Audemars Piguet quatre ans de travail pour la restaurer.
  • la conception de la Spirale concentrant tout dans un petit espace confiné, à l’instar d’une… Grande Complication. Le micro et le macro en parfaite résonance, presque une expérience spirituelle.