Migrants de La Vallée: des relations qui subsistent

Moins de migrants qu’il y a quatre ans

Les activités de soutien aux familles migrantes, une douzaine à La Vallée, ont elles aussi connu un coup d’arrêt depuis début novembre. Les relations établies et le suivi, eux, continuent en privé ou par les moyens électroniques.

L’isolement des familles migrantes est un phénomène connu, accru par la difficulté de parler le français. La douzaine de familles concernées à La Vallée, pour un total de plus de soixante personnes, subit donc les nouvelles mesures de restriction de manière particulière. «On l’a vérifié ce printemps: un confinement accroît la déscolarisation des enfants de familles déjà fragilisées. Nous pensions pouvoir maintenir davantage de nos activités en les restreignant à une poignée de bénéficiaires, la fermeture de l’appartement de l’EVAM et du Tempo Squad ne l’a pas permis.

Nous sommes à la même enseigne que les grands groupes», résume Roseline Rochat, présidente du Groupe d’Accueil Migrants (GAMvj). L’appui individuel aux devoirs prodigué à une petite dizaine d’enfants, tous les mercredis après-midi et avec lui, un moment de jeu et d’échange, est ainsi passé à la trappe. «Nous avions repris cette offre additionnelle aux devoirs surveillés à la rentrée mais avons dû cesser presque aussitôt», confie Roseline Rochat. Une activité de couture avec une bénévole motivée et une demi- douzaine de migrantes, une autre de danse ont également été suspendues.

Rencontres sur Zoom

Dans ce contexte, le projet Passerelles, soutenu par la Commune du Chenit et le Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers (BCI), qui dessert le même public, poursuit, lui, ses rencontres hebdomadaires les vendredis matin, aux mêmes horaires avec les outils informatiques. «Les portes virtuelles s’ouvrent et permettent de maintenir le lien et aux participantes d’être un maximum informées et moins isolées», communique Solenne Berktold, une des animatrices.

Autre volet du suivi des familles migrantes qui se poursuit lui aussi: l’assistance administrative. Au GAMvj, Roseline Rochat explique: «Nous rédigeons régulièrement des lettres pour des demandes de permis d’établissement ou des recours, en mettant en avant ce que les familles font avec nous pour s’intégrer.»

Assistance administrative et juridique

Et de citer un exemple. «L’une des familles que nous suivons, en instance de renvoi, a tenté de mettre fin à ses jours après un passage au Service de la Population à Lausanne. J’ai moi-même assisté à une convocation de ce type – pas celle-là, spécifiquement, mais quand même: le discours est policé mais sans ambiguïté dans l’intention: “Vous devez partir”. Or ces pressions ne servent à rien, sinon à enfoncer encore plus les gens. Leur peur de rentrer au pays est supérieure à ce qu’ils redoutent ici en Suisse. Là, nous avons écrit au début septembre au SPOP pour exprimer notre inquiétude. »

Moins de migrants qu’il y a quatre ans

Le nombre de migrants présents à La Vallée dépassait la centaine dans les années 2015-2016. Ce nombre s’est réduit d’un tiers depuis. Pour Roseline Rochat, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. «Ils sont partis à Lausanne, notamment. Mais surtout, on compte moins d’arrivées, parce que les migrants sont découragés de venir et que les portes se ferment toujours plus. Nous militons pour que la Suisse accueille davantage de gens en situation de détresse et soit plus souple sur ses conditions.»

Les liens perdurent

L’engagement social et humanitaire subit lui aussi les effets de la crise, alors que le grand public s’inquiète du recul de ses propres conditions de vie suite à la pandémie du Covid. Roseline Rochat le reconnaît, l’engouement n’est plus le même qu’à l’époque de la création du GAMvj il y a quatre ans. «Mais je comprends: ces migrants de La Vallée sont devenus des visages familiers. Et notre travail porte aussi ses fruits, par exemple, avec les places de travail trouvées pour les messieurs et les places d’apprentissage pour les jeunes.» Ce sont justement ces liens personnels d’amitié créés sur les quelques dernières années qui perdurent malgré les restrictions. Et comme les autres, la vingtaine d’actifs du GAMvj et les animatrices de Passerelles espèrent un retour à la normale.