Les articles publiés sous cette rubrique n’engagent pas la rédaction.
Il y a quelques années, un couple du Sentier avait demandé qu’un film soit projeté à La Bobine après l’avoir vu et aimé ailleurs. Ces deux personnes avaient pris soin de le présenter et d’en parler dans la FAVJ, parce qu’il montrait en effet un jeune homme japonais sans travail qui devenait un employé des Pompes funèbres, au grand dam de ses proches. J’ai beaucoup aimé le film («Departures» (2009), comme de nombreux spectateurs, mais aussi le mot d’introduction de mes amis qui, anticipant quelques craintes, permettait d’apprivoiser ce thème sans l’alourdir.
J’ai vu le film Calabria qui sera projeté à la Bobine jeudi et dimanche de cette semaine. J’ai juste envie de dire que Calabria ne copie en rien «Departures» mais traite un sujet délicat d’une façon tout aussi respectueuse et pleine de vie.
Le fil rouge de l’histoire que Calabria raconte, c’est le voyage professionnel de deux convoyeurs des pompes funèbres (de tout à fait réels employés de l’entreprise), de Lausanne à la Calabre, jusqu’au bout de l’Italie. Ils apprennent à se connaître, tissent entre eux des liens, des récits, des questionnements, parcourant toutes sortes d’états, de l’émotion au silence, de l’humour léger aux différences de vue. Ce faisant, ils construisent aussi leur propre histoire de l’immigration qu’ils ont vécue et vivent encore puisque tous deux ont émigré en Suisse comme l’homme qu’ils transportent et qui sera inhumé dans son village natal.
Le déroulement de cette histoire qui comporte donc plusieurs prismes à découvrir, appartient maintenant aux spectateurs que je souhaite nombreux, parce que c’est un beau film, vraiment.
Antoinette Genton Trachsel