On savait que nos amis français pouvaient être fâchés avec la géographie et le comptage kilométrique, même au niveau officiel…
Les participants à la récente Transjurassienne 2019 du samedi 9 février, en style classique, ne pensaient pas que ce syndrome avait atteint à un tel degré le responsable du parcours 56 km, qui en faisait finalement 61, GPS à l’appui… Alors que les excellentes conditions d’enneigement auguraient d’un épreuve sans trop de problèmes, avec un départ comme d’habitude au bas de la station des Rousses, près du centre scolaire, incongru changement de programme avec le coup de pistolet, à 9h, donné sur les hauts, à proximité de l’office du tourisme. Parcage confus, pas de grand local pour s’abriter, sacs 2 fois plus petits qu’à l’accoutumée pour retrouver ses habits à l’arrivée; mais le pompon fut la boucle par La Cure, le retour par le Fort des Rousses, la montée de l’Omnibus, pour faire sans doute saliver quelques touristes, et le passage près du lieu de départ, après 5 km d’efforts, avant de filer par le golf en direction de Bois d’Amont. Les coureurs populaires qui ont passé devant des panneaux indiquant le solde de km à parcourir ont assez peu goûté à un affichage totalement farfelu: plus on avançait, plus il restait de km à effectuer! Ce n’est guère qu’au retour, à partir de la montée du Risoud, que les indications correspondaient à la réalité du terrain… Les six ou sept centaines de participants, trempés jusqu’aux os ce jour-là, n’en demandaient pas tant…
A noter la parfaite organisation des ravitaillements, la mobilité et la vaillance des bénévoles du Brassus face aux incessantes averses venteuses, du côté de La Burtignière…
Petit bémol à Bellefontaine, où les ravitailleurs, statiques, attendaient les participants bien à l’abri, avec l’enchevêtrement des skis que je vous laisse imaginer! A relever l’excellence de l’accueil à Mouthe, parfaitement équipé pour recevoir un grand nombre de concurrents.
Ayant pris part à cette 40e édition, c’est la première fois que j’ai vu un coureur, robuste gaillard barbu, filer à bonne vitesse sur Bellefontaine, à bras nus, vêtu d’un simple débardeur et de son dossard! L’ayant côtoyé, il s’agissait d’un berger, du côté de chez Liardet, natif de l’Oural, et doté d’une constitution hors du commun!
Le lendemain, 10 février, parcours en skating depuis Lamoura, à 8h30. Alors que le départ depuis Les Rousses pour le 48 km (donc 53) était prévu à 10h30. Conditions quasi-idéales, sans pluie, neige glissante et fort vent de dos pour la longue distance de 68 km. Mais la tempête menaçait. Le préfet prit la décision d’annuler le départ des Rousses, et de stopper ceux des 68 km à 11h30 à Bois d’Amont, pour une question de sécurité en zone forestière. Avec un départ au bas du village des Rousses, sans ce crochet inadéquat, quasi tous les participants à ce 48 km, distance alors effective, auraient facilement passé à Bois d’Amont avant 11h30: 1h pour faire 10 km en skating, peu en auraient été capables! Tout aurait pu se dérouler à la satisfaction générale de chacun et chacune… Je vous laisse imaginer, chers lecteurs sportifs, le sentiment de frustration qui a dû habiter la foule de ces compétiteurs.
A force de vouloir changer continuellement ce qui fonctionne bien, on en vient peu à peu à dénaturer l’esprit de cette belle course de ski nordique. Les gens apprécient de traverser de vastes forêts, de belles combes vallonnées, et de sourire à l’accueil chaleureux des connaisseurs regroupés dans les jolis villages traversés. Sans parler des tintements sonores des clarines qui font chaud au cœur…
A force de rajouter des km non comptabilisés, les concepteurs du parcours de la «Transju», n’écoutant guère la voix d’un vieux singe, se sont vertement fait remettre à l’ordre par le ciel… Puissent-ils s’en souvenir lors de l’élaboration du tracé de la 41e édition!
Herbé