Je me regarde dans le miroir… ai-je vieilli? Oui, je dois bien me rendre à l’évidence, mais ce n’est sûrement pas dû à ces expériences difficiles! De toute façon, je ne vais jamais le savoir… une chose de plus à accepter…
Une fois de plus ce matin, je me lève après une petite nuit, comment vais-je m’organiser pour la journée? Quelles seront mes priorités?
Le jour précédent, deux événements importants, deux entrées à l’hôpital!
Et pour ces deux entrées à l’hôpital, il faudra du temps…
Combien de temps?
Si je pouvais faire un vœu, pas trop s’il te plaît.
Je n’ai pas mon mot à dire… simplement attendre et espérer…
Heureusement, je peux me rabattre sur le ménage, c’est facile et le carrelage ne va jamais faire de remarques même si j’oublie des coins ou si je passe deux fois aux mêmes endroits…
Je médite alors, sur le temps:
Le temps, c’est de l’argent
Dans ces cas-là, toutes les richesses du monde n’y changeraient rien!
Il y a un temps pour tout
Et là, je suis bien obligée d’être d’accord!
Finalement, il me plaît de penser à la chanson de Jacques Brel, Quand on n’a que l’amour.
Je pense à eux avec amour…
Amour tout de suite, il n’y a pas une minute à perdre, le ménage peut attendre, il n’y a rien de plus fidèle que la poussière! C’est peut-être le dernier moment pour partager ce sentiment si puissant avec celle qui décline ainsi de jour en jour… elle est à la fin de son parcours! Petite lumière qui décline d’heure en heure… C’est important que je sois à ses côtés, bien qu’elle me paraisse déjà de l’autre côté!
Je suis sa respiration, c’est à travers cet acte qui nous paraît normal quand tout va bien, que je vois et j’entends cette vie qui s’en va. Sa poitrine se soulève à intervalles irréguliers, c’est un combat pour que cet oxygène si précieux franchisse ses lèvres…
Il y aura une dernière fois, mais en attendant, je lui tiens la main et la caresse, je lui dis que je suis là pour son dernier voyage et je la remercie pour tout ce qu’elle m’a donné et que ce bagage-là va m’aider à continuer mon chemin…
Je dois déléguer, je dois aussi me reposer…
Il est tôt le matin, le téléphone sonne… Enfin, elle est née, ma petite-fille, cela faisait un moment que je l’attendais… j’ai dû demander deux fois son prénom et si tout allait bien… Une vie qui s’en va, une vie qui vient… Alors?
Prenons le temps de nous aimer
Comme le chante si bien Michel Bühler.
Corinne Rochat