Comment gérer l’après-pandémie? Pas simple, on le sait mais il y a des réponses qui étonnent.
La crise a mis en lumière deux failles majeures: primo, nous savions qu’une pandémie majeure allait se produire et lorsqu’elle s’est produite, nos yeux se sont écarquillés de surprise. Secundo, nous avions tant mondialisé et décentralisé que nous nous sommes retrouvés tout nus, sans masques, sans respirateurs et sans papier de toilette.
Et de quelles solutions parle-t-on? Elles sont toutes technologiques, et particulièrement informatiques: on va pister nos portables à la trace – est-ce bien nouveau? – et nous faire jouer à toutes sortes de télé-machins… télétravail, telécole, on parle même de télémédecine. Bref, nous nous en remettrons à Internet, dont nous feignons d’ignorer, là aussi, la faiblesse du système immunitaire. Et puis, Internet, c’est par définition la quintessence de la mondialisation, de la délocalisation. Une forme de délégation aux nuages.
Je pense bien-sûr aux «hackers»: par quelque étonnant sortilège, ils ont toujours un clic d’avance. Et s’ils peuvent à distance précipiter votre voiture autonome dans le lac, pourquoi renonceraient-ils à se délecter de tous les secrets de votre vie et de votre santé?
Mais il n’y a pas que la méchanceté humaine qui ébouriffe nos électrons: on sait de science certaine que la nature nous joue volontiers des tours pendables. Un exemple: le site
alertswiss.ch nous apprend que le Soleil s’offre régulièrement quelque fantaisie éruptive, qu’on appelle des «éjections de masse coronale». Oui, coronale! Cela se traduit par d’intenses rayonnements capables de provoquer une sorte de pandémie informatique: infection respiratoire des GPS, fièvre de la téléphonie, internet sous respirateur artificiel, production électrique en confinement et autres réjouissances qu’on tient évidemment comme aussi peu probables… qu’une pandémie de Covid-19!
D’après la NASA, il semblerait qu’en juillet 2012, nous soyons passés de justesse à côté d’un tel cataclysme…qui aurait renvoyé «la civilisation contemporaine au XVIIIe siècle». Dans ce domaine plus encore que dans celui de la santé, le déni est massif.
Miser sur le virtuel fragile de la toile pour faire face à la fragilité réelle de nos vies: voilà bien le degré ultime de la sottise.
Jean-Daniel Nordmann
La Sauvagère
Les Collondès 33
1344 L’Abbaye