Guillaume «Toto» Morand, personnalité vaudoise, à la tête d’un florissant commerce de chaussures branchées et ancien candidat malheureux au Conseil d’Etat, possède une résidence secondaire à La Vallée, où il a passé une partie du confinement. Interview.
Bonjour, Toto Morand. Comment allez-vous?
Nous rouvrons ce lundi [dernier ndlr], comme tous les magasins de mode et je travaille dessus actuellement. Je pense que les premiers jours, il y aura un gros «rush» de la clientèle, puis ensuite un affaissement. C’est très dur de dire ce qui viendra ensuite.
Comment avez-vous traversé personnellement ce confinement?
Les deux premières semaines, j’ai accusé le coup, j’ai tout de suite compris qu’on allait prendre un mois, deux mois dans les dents et puis, ensuite j’ai tout oublié. Je n’ai jamais déprimé. J’ai même passé dix jours exceptionnels, sur la fin, à La Vallée, avec une qualité de vie exceptionnelle, que je n’avais encore jamais connue.
On a pu passer du temps en famille, avec les enfants, faire des promenades, plein d’occupations, de lectures et manger la raclette au feu de bois – que du bon temps!
La Vallée est un endroit fait pour le confinement! Je vous le dis, à Epalinges, où je réside, il y a un brouhaha constant et voilà qu’on arrive au Pont, c’est calme, apaisant – et la Frasse, c’est le paradis, le paradis! Si La Vallée est devenue un centre d’horlogerie, c’était parce que les habitants étaient confinés tout l’hiver, non? Les Combiers sont des gens qui depuis des siècles, sont habitués à être confinés.
Qu’est-ce qui vous a amené à acquérir ce pied-à-terre?
La maison a été achetée à l’époque par mes parents. Ils étaient de Martigny, qu’ils ont quitté à l’orée de la trentaine. Mon père Claude a créé son entreprise à Lausanne, où j’ai grandi. Normalement, les Valaisans aiment rentrer en Valais pour les week-ends et les vacances. Or mes parents ont vu cette maison en passant un jour au Lieu, ils en sont tombés amoureux. Et c’était à l’opposé du Valais quand on vient depuis Lausanne!
C’est un endroit que toute la famille affectionne. J’y ai donc passé mes vacances depuis que je suis né. En fait, on était déjà confinés à la Frasse en tant qu’enfants! Mais je n’y étais plus revenu ces derniers années. C’est presque dommage, la région a de tels atouts touristiques…
Dites-nous en plus…
Son grand atout, c’est être resté authentique, avec des Combiers qui veillent au grain. Il n’y a pas une fausse note! Voilà ce que le public veut, aujourd’hui, c’est pas d’aller faire les zouaves sur des terrasses à Verbier, mais du calme et de l’authentique.
Notre maison de la Frasse a un toit en tôle ondulée, que j’ai gardé tel quel, c’est un des exemples de ces choses authentiques, comme les murs de pierres sèches. A Reykjavik, aussi, tous les toits sont en tôle ondulée.
J’aime aussi particulièrement le ski de fond, même si je n’en ai pas trop fait cette saison. Je suis monté à l’occasion des JOJ.
Une question au patron des magasins de chaussures Pomp It Up: comment votre business a-t-il absorbé le choc du confinement?
Le printemps, pour nous, de mars à mai, est une période où nous vendons beaucoup de chaussures, or les résultats vont être catastrophiques. Les pertes vont se chiffrer en millions. Mais je vais supporter le choc. Cela fait trente ans que j’ai monté mon affaire et j’ai pu constituer des réserves.
Par contre, je suis triste pour tous les petits commerçants qui se sont mis à leur compte, après avoir bossé pour une «multi».
Je le disais à la télé le 16 mars dernier: chaque jour, on apprenait que de nouveaux secteurs auraient de l’aide, hôtellerie, tourisme et comme d’habitude, nous autres commerçants n’aurions rien. Typiquement: aucune solution n’a été trouvée pour les loyers commerciaux. Au niveau politique, c’est un jeu de poker menteur. Les deux chambres fédérales, à Berne, se déchirent entre elles et elles ont repoussé une décision au mois de juin – cela fera alors trois mois d’incertitude. Trois mois de loyer pour rien, c’est un désastre pour les «petits».
Puisque vous parlez de politique et que vous avez été candidat au gouvernement vaudois en 2012, 2017 et en février dernier; savez-vous quel score vous avez fait dans nos communes?
Oui, je le sais: j’ai fait un carton avec 15% à L’Abbaye et même 17% sur Le Chenit, tandis que ma moyenne était à 12% dans le Canton. Mon pote et moi avons mis pas mal d’affiches dans les villages.
Bonjour, bel article sur cette région que j’affectionne surtout en été. En 1945 environs, mon père le chef d’orchestre Victor Desarzens, fondateur de l’orchestre de Chambre de Lausanne, OCL, avait donné un concert en faveur des habitants de la Vallée de Joux, les Combiers, qui traversaient une crise horlogère grave; le salaire des musiciens et du chef d’orchestre avaient été versés pour les habitants de la Vallée. Navrée je n’ai pas la date exacte, en 1945 j’avais deux ans…rire….Amicalement. Martine Desarzens. Lausanne