Pendant mon récent séjour à l’hôpital du Sentier, j’ai pu voir un aspect des êtres humains, qui me semblait jusqu’à présent un peu théorique, un peu surfait peut-être. Prendre soin de l’autre. On peut comprendre cette attitude pour un proche, un enfant, un ami. Mais comment peut-on accueillir un parfait inconnu dans son désarroi – quel qu’il soit – et l’accompagner vers sa guérison avec un tel engagement? Du matin au soir, du soir au matin. Au-dessus du lit, accrochée à la potence, il y a une espèce de poire qui permet d’appeler à l’aide. Et en peu de temps, comme si l’on était le seul patient, quelqu’un frappe à la porte et demande ce dont on a besoin. Au début quand j’avais des grandes douleurs, on allait me faire un fango au milieu de la nuit pour soulager mon dos. On me lavait, me faisait faire mes besoins au lit, toujours avec un sourire, des encouragements, une main bienveillante sur l’épaule. Les visites médicales journalières rassurent, donnent de l’espoir. Malgré le fait qu’au début cela ressemble à la torture, les physios nous prennent par la main pour que l’on se raccroche à mieux. Tout cela avec une patience et une pertinence incroyable.
Certes, ce sont des gestes techniques, mais c’est au-delà. C’est une humanité.
Peu de temps après mon admission, il y a un nouvel afflux de patients Covid. Une tension sous-jacente règne. Les soignants s’occupent de ces patients atteints de ce mal terrible avec la même force et le même engagement.
«Moi, j’aimerais bien que l’on me soigne si j’ai un problème. Alors je me mets à leur place!»
Comme si c’était si simple.
Derrière leurs sur-blouses et autres protections dérisoires, les soignants affrontent le mal qui pourrait les mettre en danger – en danger de mort. A trois chambres du rideau en plastique dur qui délimite la zone dangereuse, j’ai peur. Et pourtant je sais que ce n’est pas la même équipe qui s’occupe de nous… les non-Covid. Et qu’elle applique une rigueur sanitaire irréprochable ce qui doit user moralement et mentalement. Cependant on nous sert le repas de midi presque en sifflotant, nous masse les jambes avant de nous endormir…
Mais comment faites-vous?
Moi je vous dis merci, bravo, formidable. Prenez bien soin de vous… aussi!
Elisa Meylan