Gaby Ruffieux a marqué l’histoire du FCVJ depuis les années 50, successivement joueur, entraîneur et responsable des terrains. Il commence seulement à passer la main, à passés 80 ans.
Nom: Ruffieux
Prénom: Gaby
Poste sur le terrain quand il était joueur? Ailier gauche
Le président qui l’a le plus marqué: Charly Rochat
Un club de foot: Servette
L’anecdote remonte au début des années 2000, époque où l’équipe fanion du FCVJ subit deux relégations en trois saisons. Sur le plan pratique, un homme tient la baraque: Gaby Ruffieux, à tel point que l’on dit dans le club: comment va-t-on faire quand Gaby ne sera plus là? Concierge, préparateur des terrains, maçon, membre du comité, organisateur de manifestations et l’on en passe, le Gruérien d’origine, arrivé à dix-huit ans à La Vallée et pas reparti depuis, est dévoué, bricoleur et il approche de la retraite. Déjà quarante-cinq ans passés à «La Jaeger»!
Oui, cette anecdote remonte à pas loin de vingt ans et sa retraite de bénévole du club commence seulement à sonner.
Dernier exploit
Rencontré ces jours sur les bords du terrain des Crêtets pendant que des jeunes d’une dizaine d’années s’entraînent, Gaby Ruffieux raconte: «Il y a quinze jours, on me prévient encore un vendredi matin: “Gaby, il y a trois matches de juniors demain…”» Message compris, il faut aller tirer les fils puis passer la brouette à double, en avant et en arrière, pour délimiter les petits terrains dans le grand: un en blanc, un deuxième en rouge et un troisième en jaune. «J’y ai passé la journée jusqu’au soir», souffle l’octogénaire. Sans se plaindre. S’il se plaint, c’est plutôt qu’on le pousse gentiment vers la sortie. Un successeur sort justement du terrain au volant du tracteur tondeuse en la personne de Cédric Rochat. Quand on a tant donné de soi et pendant plus de soixante ans, il peut être douloureux de partir.
Il a suivi sa sœur
C’est sa sœur qui a amené Gaby Ruffieux à La Vallée, qui l’avait déjà suivie précédemment à Malleray puis à Vouvry. On est en 1957. Le jeune homme s’engage immédiatement dans l’équipe de foot. Le président est alors Emile Rosset. De la laiterie du Solliat, il s’en va travailler à la manufacture Jaeger-LeCoultre.
Cinq ans plus tard, l’équipe première du Sentier FC accède à la deuxième ligue. Marié à la fille du maçon Zenoni, le couple aura deux enfants, dont un fils, Serge, ira faire carrière à Paris dans un tout autre domaine que le sport ou l’horlogerie: celui de la haute couture.
Entraîneur
A l’époque de la naissance de son fils, Gaby Ruffieux raccroche ses propres crampons et reprend la responsabilité des juniors – à l’époque, les A et les B. Il sera entraîneur pendant une quinzaine d’années. Afin de prendre son mercredi après-midi dès quinze heures, il entre à l’usine avec une heure d’avance les lundis, mardis et mercredis. «J’avais tous les âges, tous les gamins d’un coup. Ils m’en ont fait, des crasses!» se souvient-t-il.
Un incident mémorable s’est produit dans la salle de gymnastique de Chez-le-Maître, dont les jeunes footballeurs avaient les clés. Lorsque l’entraîneur entre dans la salle, celle-ci est remplie d’un nuage de poussière. On n’y voit pas à deux mètres. Les extincteurs! Gaby Ruffieux doit extraire lui-même des petiots désorientés qui appellent au secours. «La commune a nettoyé la salle pendant une semaine. Les plaisantins ont dû payer de leur poche!» commente-t-il. C’est aussi les cours de formation à Lausanne et à Marcelin, avant que ce travail ne se structure plus fortement au niveau de la fédération, avec les catégories d’âge jusqu’aux juniors E et des exigences supplémentaires de formation.
Quand les Tournois à six ont été lancés
En même temps qu’il a repris les entraînements de juniors, Gaby Ruffieux lance une nouvelle manifestation, les tournois à Six, sur les terrains devant la cantine du Sentier, sur une impulsion du nouveau président, l’ancien postier devenu juge de paix, Charly Rochat. D’une quarantaine d’équipes inscrites, le nombre quadruple en quelques années. On en rêverait, aujourd’hui. Pas Gaby Ruffieux, qui devait assumer la logistique de l’événement. «C’était trop!» estime-t-il aujourd’hui. A côté de cela, il organisait également la vie sociale du club et ses manifestations: matchs aux cartes, lotos, kermesses, bals au Lion d’Or, ce qui le gardait souvent «sur le pont» du jeudi soir jusqu’au lundi. Mais ce sont là ses meilleurs souvenirs.
Marquer les terrains à la sciure
Autre souvenir marquant cher à Gaby Ruffieux: la préparation des terrains, à faucher puis à tondre et surtout à délimiter. Il seconde Marcel «Pionpion» Capt avant de le remplacer.
Avant la peinture, l’opération se faisait à la brouette et à la sciure. L’octogénaire se prend la tête à cette évocation: «Ouille ouille ouille!» Il fallait aller chercher des centaines de sac en camionnette, à la scierie, tous les week-ends de matchs. Qu’une pluie abondante tombe juste avant le week-end, il fallait recommencer.
Puis l’on est passé à la traceuse et à la peinture, dans les années 80. «Une maison nous livrait la peinture à diluer à l’eau, mais celle-ci ne tenait pas. On a trouvé une meilleure solution dans une maison de Monthey, quarante litres prêts à l’emploi pour le grand terrain. Aujourd’hui, on voit encore la peinture de la semaine précédente et si on est deux pour tirer les fils, c’est vraiment plus facile.» N’empêche, c’est tout de même quatre heures assis sur le tracteur quand il faut tondre et une demi-heure à la traceuse à peinture. «Ce n’est rien à côté de ce qu’on a dû faire jadis!» commente Gaby Ruffieux.
Lors de l’aventure du FC Pont-Charbonnières (1978-1992), le Gruérien d’origine assurait aussi la bonne tenue des terrains du côté du Brenet. «J’étais tout le temps sur les terrains», résume-t-il sobrement.
Distinction cantonale en 2017
Une distinction cantonale est venue couronner soixante ans d’engagement dans son club, en 2017. La plaquette orne depuis lors le mur de la buvette des Crêtets. Une telle longévité dans une activité bénévole ne peut que forcer le respect, d’autant que Gaby Ruffieux peine à lâcher. «Je suis toujours là pour aider, bien sûr», affirme-t-il. Comment l’explique-t-il? Réponse de l’intéressé: «Faut que ça remue, j’aime pas rester à la maison.»
Gaby est l’un de ces personnages qui a besoin d’être actif en permanence, commente-t-on au sein du club. Mais surtout: «C’est le symbole du club, tout simplement. On aimerait que tout le monde s’inspire de lui!»