Lancée début juin, la récolte de signatures a abouti à près d’un millier de paraphes. Prochaine étape, sa présentation aux Conseils communaux cet automne et une rencontre en novembre avec l’exécutif du Chenit.

Ce n’est pas tous les jours que les trois présidents des Conseils communaux (et eux seuls) sont rassemblés dans l’exercice de leur fonction. C’est pourtant ce qui est arrivé mercredi dernier 29 septembre sur les quais du Pont, la zone de La Vallée la plus impactée par les nuisances sonores dues au trafic. Une petite délégation des pétitionnaires menée par Catherine Barras et Jarek Smiech, a remis aux trois «premiers citoyens» de nos communes, avec un tournesol, les feuilles joliment emballées.
Une grosse charge de trafic
Au-delà de cette scénographie, l’enjeu revêt une certaine importance pour l’art de vivre combier. Le «Collectif pour un trafic apaisé» a d’ailleurs baptisé son texte «un art de survivre aux nuisances sonores du trafic». La Haute Combe est une destination prisée des motards (des milliers de deux-roues sont décomptés les week-ends de beau et le premier confinement a dopé encore ce type de trafic récréatif) ainsi qu’un lieu de trafic frontalier intense. Des collectifs se mobilisent ailleurs dans le pays et il existe même une Ligue suisse contre le bruit. D’où l’idée des pétitionnaires de s’adresser directement aux Conseils communaux en demandant «un débat démocratique avec les autorités». Parallèlement, chaque commune va recevoir un postulat, déposé par des Conseillers communaux avec lesquels les pétitionnaires ont œuvré, en vue de créer un groupe de travail intercommunal.
Le souci ne date pas d’hier
De fait, l’ADAEV travaille depuis vingt ans pour stimuler les solutions de trafic en commun, navettes d’entreprises et covoiturage, parmi les travailleurs frontaliers. L’Abbaye, de son côté, a profité de la mise à disposition, par le Canton, d’un prototype de radar traquant les dépassements sonores. Cet été, des employés communaux l’ont équipé de pieds mobiles et placé au départ des cols du Mollendruz et du Mont d’Orzeires, trois tronçons à forte accélération et décélération. Le radar est actuellement en fonction sur la route du Mollendruz, au Pont. Des statistiques globales sont attendues à la fin de l’exercice.
La pétition remise au Pont reviendra vraisemblablement sur le bureau des exécutifs (les municipalités). A ce titre, Olivier Baudat, syndic du Chenit, était présent sur la rade du Pont et a pris la parole en tant que commanditaire d’une étude de mobilité à l’échelle combière. Quoi qu’il en soit et selon les pétitionnaires, il est temps «de mieux associer les habitants et les efforts menés par divers acteurs écologiques dans les décisions concernant les aménagements routiers. Plusieurs citoyens, au cours de notre collecte de signatures, ont aussi demandé une politique globale et durable de la mobilité à La Vallée qui fasse l’objet de votes consultatifs».
«Lausannisation» en vue?
Parmi les propositions d’action, sont évoqués les limitations de vitesse dans les cols et sur les routes autour du lac et, en zone résidentielle, des tronçons à trente kilomètres/heure, voire des limitations spéciales pour les deux-roues. Lausanne, pionnière en la matière à l’échelle nationale, vient de généraliser le mois dernier 30 km/h la nuit; à noter que, dans le cas de la capitale vaudoise, l’apport des citoyens à la réflexion a été riche et porteur. A La Vallée, le stationnement pourrait aussi être rendu payant sur tout ou partie du domaine public. Se dirige-t-on ainsi vers une «lausannisation» de la Haute Combe? Il y a en tout cas de belles discussions en perspective.
Ils ont dit
«Il nous faut d’abord faire un état des lieux de ce qui a déjà été fait, ensuite mettre tout le monde autour d’une grande table»
(Olivier Baudat, syndic du Chenit)
«Il faut construire un tourisme équilibré à la Vallée de Joux. C’est maintenant. Ce serait bête de se retrouver dans deux, trois à cinq ans dans une ambiance de circuit automobile.»
(Jarek Smiech)
