Une exposition d’artistes peu communs à la Galerie de l’Essor, visible jusqu’au 12 décembre prochain. Ces peintres là ne cochent pas les cases auxquelles nous sommes habitués, en effet, Claude Maillefer et François Duruz sont « peintres d’altitude », bergers vivant à l’alpage la moitié de l’année, puisant leur inspiration là-haut, entre génisses et pâturages.

Le premier habite à Orbe quand il ne garde pas les modzons aux Grands Crosets Dessous. Claude Maillefer dessine là-haut mais peint « principalement en hiver, car je suis suffisamment comblé dans l’alpage. Peindre à l’huile demande beaucoup de temps. Ma vie est partagée entre les alpages et mon lieu de vie, beaucoup de thèmes tournent autour de l’Orbe. Les lumières sont plutôt d’hiver, je m’inspire de choses simples, des sujets de peinture du XXe siècle : natures mortes, nus mais surtout des paysages. Je profite de cette expo pour faire une sorte de retour sur ce que j’ai fait : mes travaux exposés portent sur des dizaines d’années, et à travers cette exposition, j’essaye de retrouver ma façon d’avant. En sortant des beaux-arts, ma peinture était géométrique, je fais des sauts entre figuratif et abstrait… j’essaye de comprendre ma façon de travailler. Mon travail est plus centré sur la forme et les couleurs, avec une lumière interne, que je porte en moi. Ce n’est pas une lumière naturelle que de mettre des taches de couleur dans un espace lisible. Ma peinture est instinctive, je travaille au coup de cœur : un objet me parle et je fais. Je n’ai pas envie de représenter la même chose. »
François Duruz partage sa vie entre l’alpage des Begnines et les Pyrénées ariégeoises « garder les animaux, c’est un des seuls boulots que je pouvais faire. Je pense que je suis un inadapté, je me suis trouvé une petite place à l’alpage et après 13 saisons, je peux dire que c’est une vraie vocation. Côté peinture, ma technique est plutôt mixte, l’aquarelle bien-sûr avec un ajout type fusain, pastel et encre. Je peins beaucoup ici, je peins sur le motif, dehors, pas sur photo. Je peins ce que je vois. La nature est ma principale source d’inspiration et ma source d’oxygène. J’ai beaucoup besoin d’air et d’espace, et ça se retrouve dans ma peinture. Cette vie dans la nature contribue à mon équilibre. Ce qui me touche sont les ambiances fabuleuses, les lumières de l’atmosphère… je suis tombé amoureux de la région. L’aquarelle est un des médiums qui se prête le mieux à peindre dehors. Je peins vite car ça sèche vite. On pose une couche d’eau et dès que le pigment est sec, c’est fini. Ça s’applique bien à ce que je fais dehors. C’est une recherche de moi-même, de comment je me situe dans le monde. Ce qui est important pour moi dans le monde ? C’est simple, juste une lumière à l’instant T. C’est ce qui fait tout l’intérêt de l’existence. »
Les deux peintres exposent pour la première fois à la Galerie de l’Essor et pour conclure en beauté ce vernissage, l’artiste combier André Losa a présenté à sa manières ses dernières compositions, en nous emmenant faire le tour du monde en chanson, avec sa clarinette « sa partenaire de tango. »