C’est dans sa maison au Pont que la rencontre se fait avec Mathilde Hiltpold, installée depuis plus de 20 ans à La Vallée. A la fois psychologue et pasteure, elle est engagée à l’église évangélique
« La Chapelle » au Sentier.
Nom : Hiltpold
Prénom : Mathilde
Verset préféré : «Nous savons que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu’il a appelés selon son plan»
Lieu préféré à La Vallée : Difficile car tout est magnifique, mais heureuse d’habiter au Pont. Belle symbolique.
Bonjour Mathilde, tu es née en Afrique, tu as étudié en France et tu es pasteure en Suisse. Un parcours suffisamment peu commun pour s’y arrêter un instant. Tu nous racontes ?
Je suis née au Burkina Faso, 7e d’une fratrie de 10 enfants. Nos parents étaient pasteurs et ont déménagé vers le Sud du Burkina pour ouvrir une église dans un lieu qui n’en comptait pas. Le directeur de l’école de ce nouvel endroit n’était pas favorable à l’arrivée d’élèves chrétiens. Nous avons dû, mon frère et moi, partir dans une autre ville pour continuer nos études car pour mes parents, il n’était pas envisageable d’arrêter l’école. J’avais 11 ans et je suis partie vivre chez mon frère à 600km de la maison. J’y ai effectué toute ma scolarité et je rentrais chez moi une fois par an.
Puis est arrivée l’université, j’ai suivi mes 2 premières années de psychologie au Burkina mais pour pouvoir continuer après ces 2 années, il fallait partir en France. Je me rappelle qu’en arrivant à Paris, je m’apprêtais à m’installer à Strasbourg comme prévu, mais j’ai appris sur place qu’en fait j’étais inscrite à Nice! Le climat y étant meilleur qu’en Alsace, je m’y suis faite rapidement et j’ai obtenu un DEA en psychologie (le Diplôme d’Etudes Approfondies est un ancien diplôme universitaire existant en France. Il est équivalent aujourd’hui à la seconde année de master).
Comment es-tu arrivée à La Vallée ?
Je suis mariée et j’ai 2 enfants adultes maintenant. Mon mari est Suisse, il a un diplôme de géologue mais il a travaillé toute sa vie dans le social et actuellement dans le coaching et l’accompagnement des dirigeants d’entreprise. Nous sommes arrivés à La Vallée car il avait trouvé un poste à la Croisée de Joux en tant qu’accompagnant social. J’y ai également travaillé en tant que psychologue lorsque la structure avait des pensionnaires qui avaient besoin d’être accompagnés plus spécifiquement.
Passer du Burkina Faso au sud de la France, puis du sud de la France à la Suisse -et surtout la Vallée de Joux- a été un grand écart au niveau de la météo. Heureusement que j’aime la neige et le froid.
Un diplôme de psychologue en poche, mais te voilà pasteure. Un rêve d’enfant ?
Mes parents étaient pasteurs et nous avions l’habitude avec mes frères et sœurs de passer un moment ensemble à chanter et prier dans l’église à côté de la maison. Mais, au départ, étant enfant de pasteur, je n’avais pas envie de le devenir ! Ce n’était pas toujours une vie facile, nous n’avons jamais manqué de rien mais mes parents n’étaient pas payés pour leur travail pastoral, et même si ils étaient particulièrement sages et nous préservaient, la vie de l’église débordait parfois sur la vie de famille. C’est plus qu’un travail,
c’est toute une vie.
Quand nous avons déménagé pour le Sud et que j’ai du partir faire mes études chez mon frère, j’ai intégré une école protestante pour jeune fille. La première fois où j’ai eu envie de servir Dieu par mon métier, c’est lors de la venue d’une équipe de J.E.M dans cette école (Jeunesse En Mission est une structure internationale qui permet à de jeunes adultes de voyager dans d’autres pays pour aider manuellement, proposer des temps artistiques et permettre des temps d’échanges et de discussions sur la foi chrétienne).
Après leur départ, j’avais envie de les suivre, il s’était passé quelque chose entre moi et Dieu qui me donnait envie d’aller plus loin dans ma foi et le service chrétien.
Tout s’est fait petit à petit. Je me suis formée à la théologie en faisant des formations en parallèle.
Et lors de notre arrivée en 1997, nous nous sommes mis à fréquenter l’église de la Chapelle. A partir de 2004, j’ai été employée par l’église pour faire des visites pastorales et d’accompagnement psychologique, puis j’ai été invitée à prêcher de temps en temps. Ça a été le point de départ : de psychologue, je suis peu à peu devenue pasteure.
Femme et pasteure, est-ce que ça a été difficile ?
Il y a toujours des personnes qui ont de la difficulté avec une femme pasteur. Il y a de quoi débattre mais au niveau de l’église, je n’ai pas eu de problème. C’était clair dans mon esprit et dans mon cœur. Cette fibre pastorale, d’entourer et d’écouter, je l’ai toujours eue.
Mes parents étaient engagés tous les deux de la même manière, mon père n’a jamais regardé ma mère autrement que comme une partenaire. Nous étions 10 enfants, 5 garçons et 5 filles, nous avons été élevés sans aucune distinction : les garçons aidaient à piler le grain et les filles aidaient à l’agriculture. Dieu a créé l’homme et la femme avec autant de valeur.
Est-ce que tu exerces encore ton métier de psychologue ?
Avec mon mari nous avons créé METANOEO, ce qui en grec signifie « transformation ».
C’est un espace hors des murs de l’église, pour écouter, aider dans la confusion, accompagner dans les différentes étapes de la vie. Parfois il est nécessaire de se faire conseiller pour mettre à plat, revoir ses priorités, pour réfléchir à l’avenir avec un vis-à-vis. Nous accompagnons dans des périodes de crise de couple, ou des phases de mal-être. Chrétiens ou pas ! Prendre contact ou recevoir des informations par mail : bmsmh@bluewin.ch
Le mot de la fin ?
Oui, je pourrais partager ma joie de vivre dans cette jolie Vallée où j’ai rencontré beaucoup de belles personnes. J’ai appris et reçu au contact des Combiers, certains ne sont plus mais plusieurs demeurent et je me réjouis d’en rencontrer encore. Je suis convaincue que ce n’est pas un hasard que je sois ici, à La Vallée, et dans ces temps-ci. Au fil des années j’espère avoir été et continuer à être une source de bénédiction pour les personnes rencontrées.
Bonjour et merci à Madame Hiltpold Mathilde Pasteure au Sentier, pour ce magnifique reportage sur votre parcours. Toutes mes félicitations, Madame. William Jeannot.
J’aimerais tellement vous rencontrer.
Je suis horloger et protestant, originaire de Poitiers en France. Je suis aujourd’hui à la retraite à Royan sur la côte Atlantique.
Mon métier m’a conduit à la Vallée de Joux, dès juin 1990 pour y exercer mon métier, au sein de la Manufacture Jaeger-Le Coultre du Sentier. En 2004, j’ai ensuite rejoins Genève et donc quitté cette endroit extraordinaire, dur et chaleureux à la fois, mais tellement fascinant par la beauté des paysages. La simplicité des indigènes, les Combiers m’a aussi touché. Il me reste encore des noms en tête : Rochat, Dépraz, Piquet Golay, meylan. Toutes ces personnes étaient des collègues de travail, sans vouloir citer leur prénom. J’ai beaucoup appris à leur côté et les remercie vivement.
En 2016, j’ai quitté la Suisse pour prendre ma retraite. Toutes ces années passées dans ce beau pays, je les oublierai jamais. J’ai l’espoir d’y revenir m’y ressourcer à l’occasion, car j’y ai laissé une partie de moi-même.
Merci au journal de m’avoir permis de m’exprimer.
Tous mes meilleurs vœux 2022 avec mes meilleures salutations.
William Jeannot